Kev Adams : « C’est souvent le boxon dans votre gouvernement »

Kev Adams. | © LOIC VENANCE / AFP
Sur scène, Kev Adams revient sur son enfance, son surpoids, le fait de s’appeler Kevin. « Beaucoup de problèmes viennent de nos frustrations du passé », explique-t-il.
Par Christian Marchand
Paris Match. Vous êtes l’un des héros de la série télé @venir mais, surtout, dans votre nouveau spectacle, vous êtes face au « Miroir » de votre vie. Est-il facile d’accepter qui on est vraiment ?
Kev Adams. Chez moi, ce miroir reflète ce que je n’ai pas envie de voir : mes défauts physiques. Le miroir grossit. D’ailleurs, cette question est le point de départ de mon spectacle : « Pourquoi n’ai-je pas de miroir chez moi ? » J’ai du mal avec mon image. Lorsque je passe en télévision, je zappe. Je n’aime pas ça. J’ai beaucoup de mal à me regarder. C’est un cauchemar !
Et le vedettariat ? Avez-vous du mal à accepter les fleurs qu’on vous jette ?
Je déteste ça. Ça me met très mal à l’aise. C’est une forme de timidité aussi. J’ai l’impression qu’on parle souvent de moi, voire même beaucoup. Que ce soit à la télévision, au cinéma, dans la presse… Je suis épié. Qu’est-ce qu’il a fait ou pas ? Il est génial ou pas ? Voilà pourquoi j’aime bien, dans la sphère privée, qu’on parle d’autre chose. Quand vous faites ce métier, vous avez envie que tout le monde vous aime, mais vous savez pertinemment que c’est impossible. Ce qui m’attriste, c’est surtout de voir que la méchanceté, le clash et la haine sont devenus à la mode. Dire du mal d’une personne ou le critiquer sur son travail fait un meilleur buzz. Tout le monde se fiche pas mal que vous soyez gentil. La gentillesse et la réussite sont devenues « has-been »… Cette société me fait peur.

Vous aimez la Belgique ?
Oui, maintenant à Liège, on peut me marcher dessus (rires) : j’ai inauguré une dalle à mon nom au Festival du film de comédie. Tous les spectacles à Charleroi, Louvain-la-Neuve, Bruxelles ou Liège sont des moments particuliers. Mais, malgré tout cet amour que je reçois, lorsque je monte sur scène, j’ai toujours l’angoisse de décevoir. Et particulièrement chez vous, parce que je me sens très suivi en Belgique. Et parfois même plus qu’ailleurs. Regardez : le spectacle « Miroir » est à peine annoncé à Forest National que les billets partent très vite. La Belgique est le pays où mon film « Maison de retraite » a le mieux marché, juste derrière la France. Il y a chez vous un amour vrai et profond depuis plusieurs années. C’est très spécial.
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Que n’aimez-vous pas chez les Belges ?
Avec les yeux d’un voisin, je serais tenté de dire que c’est souvent le boxon dans votre gouvernement, c’est dingue (rires) ! Et vos chantiers sont interminables.
Quelle est la personnalité belge qui vous a le plus marqué par son parcours ?
Stromae. J’ai énormément d’admiration pour ce monsieur. Il a une élégance très naturelle. Un truc très fort se dégage de lui. Il est connu dans le monde entier. Et ceci pour des chansons qui sont en français ! Il a réussi à faire entrer cette langue dans des pays anglophones, hispanophones et bien d’autres. C’est incroyable.
Victime de harcèlement scolaire
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Sur scène, Kev Adams revient sur son enfance, son surpoids, le fait de s’appeler Kevin. « Beaucoup de problèmes viennent de nos frustrations du passé », explique-t-il. « Pas seulement les soucis, mais aussi les ambitions. Je veux essayer de comprendre ce qui m’a marqué et heurté. Pour ça, il n’y a pas mieux que l’autodérision. Sur scène, je ne m’épargne pas. C’est ce que les gens veulent. Si vous n’êtes pas capable de vous moquer de votre propre gueule, il ne faut pas faire humoriste. En définitive, ce show est une recherche de l’acceptation de soi, et ça passe par beaucoup de sujets que je n’avais jamais abordés jusqu’à présent, comme le harcèlement scolaire. C’est un sujet d’actualité très fort. Il est capital d’en parler. J’en ai été victime et j’ai un frère de SON ACTU 16 ans, je pense à lui ! De nos jours, les mômes se maltraitent sur les réseaux sociaux. C’est non-stop et sans aucune limite. Ce n’est pas normal de se moquer des autres parce qu’ils sont di érents. Il est essentiel d’avoir un avis tranché à ce sujet. Pareil pour le sketch de la crise alimentaire, économique et écologique qu’on est en train de vivre et qui est sans précédent. Il y aura toujours des gens qui seront heurtés. Mais, au bout d’un moment, il faut oser s’exprimer. »
Kev Adams présente son nouveau spectacle, Miroir, le 2 avril à Forest National. Sa série @venir est actuellement diffusée sur RTL TVI et TF1.