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Roch Voisine : « G7 ou G14, il faut arrêter de se mentir « 

Le Canadien observe désormais un rituel avant de monter sur scène : « Le groupe trinque avec un fond de verre de vin rouge. Un jour, Nana Mouskouri m’avait dit qu’il était bon de boire un petit verre de vin avant de monter sur scène. C’est donc devenu un rituel. Je précise, un fond de verre, pas la bouteille (rires) ! » | © Christophe Meng/ABACAPRESS.COM

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Roch Voisine revient en Belgique avec deux concerts « Americana 2.0 », qui triomphent dans le monde. « Après la tournée acoustique, nous offrons un programme qui va davantage vers les gens que dans les grandes salles. Sur scène, nous sommes six. On a aussi transformé plusieurs chansons, on en a laissé tomber d’autres et on a ramené de nouveaux refrains. Les gens adorent » nous explique-t-il.

 

Par Christian Marchand

Paris Match. On vous parle encore et toujours de votre tube « Hélène ». Ce n’est pas frustrant d’oublier les 350 autres chansons que vous avez enregistrées ?
Roch Voisine. C’est très frustrant, mais je comprends : ce tube a marqué plusieurs générations. C’est une chanson que les gens ont besoin d’écouter.

Vous êtes une célébrité qui a préféré passer ses journées en studio et en famille, loin des boîtes de nuit et des soirées arrosées. Vous aviez peur de tomber dans le piège du showbiz ? D’être sous l’emprise des fêtes aux lendemains difficiles ?
Non, cette vie tranquille est le reflet de ma personnalité. J’aurais pu profiter d’un peu plus de plaisirs, mais ce n’est pas mon truc de me pavaner. Les tapis rouges, les conversations sans lendemain, c’est plutôt creux. Et je ne suis pas très bon là-dedans. Ça vient peut-être de mon passé sportif. Je n’ai pas été élevé dans le show-biz et j’ai eu une vie avant d’entamer ma carrière.

En amour, vous êtes un homme heureux, père de trois enfants. Sur Instagram, vous écrivez que s’aimer durant des années, ce sont des doutes, de l’obstination, du rêve, de la discussion. À vos yeux, l’amour est un combat ?
La vie est une lutte de tous les jours. On peut appeler ça un combat, mais c’est propre à chacun. Le piège, c’est peut-être de tomber amoureux (rires). En vérité, c’est plutôt de se tromper. Mais si vous ne prenez pas de risques, vous ne saurez jamais si vous auriez pu être heureux. En amour, vous pouvez avoir mille certitudes sur l’autre et vous rendre compte qu’en définitive, ça ne fonctionne quand même pas. Maintenant, il faut souhaiter à tout le monde de tomber amoureux, d’avoir un coup de foudre. C’est tellement important de se sentir en vie. Et même si ce n’est pas une longue histoire, l’émotion est forte et mérite d’être vécue.

 

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En évoquant les émotions, que dire de cette Belgique que vous avez toujours aimée ?
Il m’est impossible d’oublier mon premier concert en Europe : c’était chez vous, à Forest National. Croyez-moi, ce fut un choc. En concert, les Belges ne sont pas comme les gens de chez nous. L’ambiance était incroyable. Ici, c’est un autre niveau ! En sortant de la loge pour aller vers la scène, vous ne vous attendez pas à ça. Je pense que certains artistes préféreraient faire demi-tour que d’affronter un tel public en folie (rires) !

Venir en Belgique sous-entend quels plaisirs, pour vous ?
Rencontrer la gentillesse, retrouver un public d’exception, bien manger aussi. Ah, vos moules-frites, je m’en régale ! L’envie de venir chez vous est toujours grande. Dommage qu’il pleuve autant ! Plus sérieusement, votre architecture est belle, ainsi que vos campagnes. En réalité, votre pays est agréable à vivre et très beau à regarder.

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Dans la chanson « Dieux verts », vous dites : « Sais-tu ce que serait le monde s’il se foutait la paix ? »
C’est un message d’espoir dans une bouteille lancée à la mer. Une chanson qui donne de l’envie pour la nouvelle génération. On regarde tous dans la même direction, mais avec des yeux différents. Ce monde malade donne le tournis et inquiète pour le futur. Mais on ne peut demeurer sans espérance.

L’accord historique qui vient d’être signé pour protéger la haute mer va déjà dans ce sens ?
Oui, c’est la fin d’un marathon de quinze années de discussions. Pendant ce temps, on a pêché 90 % de ce qui vit dans la mer. Pour moi, on ne sauve pas la planète, elle doit se reconstituer. Nous, avec le système dans lequel on vit, nous ne serons plus là pour connaître le vrai changement. Ils peuvent tous être de beaux parleurs au G7 ou G14, il y a une réalité qu’on ne peut pas éviter de voir. Certains aimeraient bien, mais c’est impossible. Il faut arrêter de se mentir. Hélas, arrêter le développement industriel est une chimère. Tout le monde ne veut pas participer à l’espoir d’une vie différente. Regardez ce qu’ils font en Chine ou en Inde : vous ne pouvez pas échapper à la pollution que produisent ces pays. Le problème est là. Un jour, il sera trop tard pour beaucoup de monde. On peut être positif, mais il y a déjà un prix à payer.

Vous êtes nostalgique de l’époque d’avant ?
Oui et non. Nous n’avions pas au-dessus de nos têtes une épée de Damoclès comme aujourd’hui. Nous étions insouciants.

Roch Voisine chante le 28 mars 2023 au Forum de Liège et le 8 novembre au Centre culturel d’Auderghem.

 

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