Joaillerie : Le bestiaire enchanté de la maison belge Manalys

Broche The Battle. Illuminé de diamants jaunes et blancs et de deux diamants taille losange « fancy deep yellow », le scorpion d’or affronte une araignée née d’une perle australienne de grand diamètre. | © Manalys
Pour apprivoiser les plus belles pierres, la maison de joaillerie bruxelloise les métamorphose en animaux merveilleux.
Chaque année, il y a une tradition au 11, boulevard de Waterloo : l’atelier, à l’œuvre au sein même de la maison, insuffle la vie à un animal-joyau. Du plus grand au plus petit, du plus vénéneux au plus tendre, du plus tropical au plus marin. On a vu s’en échapper un bélier devenu bague, une grenouille verte jouant à être pin’s, un scorpion affrontant une araignée dans une double broche, de gracieux flamants roses aux ailes de saphirs et d’impertinents perroquets multicolores accrochés à des pendentifs, des crabes, des pieuvres. Une question se pose : pourquoi un tel déferlement de zoologie joaillière ?
« Un bijou animalier, c’est de la sculpture »
Moïse Mann, le fondateur de Manalys, répond : « C’est une façon de mettre l’atelier au défi et de permettre à nos artisans d’exprimer leurs talents respectifs et leur savoir-faire dans une pièce particulièrement complexe. Chaque bijou animalier exige la collaboration d’au moins trois d’entre eux ». Une petite bête, aussi sympathique soit-elle, s’avère en effet beaucoup plus difficile à réaliser qu’une pièce géométrique. En cause, le respect fondamental des proportions, des volumes, des dégradés de couleur des pierres. « Un bijou animalier, c’est de la sculpture », poursuit Moïse Mann. « Pas une caricature, ni de l’à peu près : on doit pouvoir reconnaître l’animal au premier regard. Le rendre onirique et réaliste, voilà toute la complexité. »

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Ce défi, qui implique la dessinatrice-designer, les artisans joailliers et le sertisseur « maison », peut exiger des semaines de travail. Impossible de comptabiliser le temps de fabrication, mais chacun s’accroche : sept artisans, de 21 à 45 ans. Les métiers de l’artisanat joaillier attirent les jeunes, c’est une bonne chose. Hélas, ils trouvent peu d’ateliers internes où exercer en Belgique. « Maintenir un atelier coûte énormément d’argent. Je pense néanmoins que c’est indispensable si l’on veut offrir une qualité hors du commun. » En partant deux fois par an acquérir lui-même ses pierres d’exception au Sri Lanka, Moïse Mann tient à apprivoiser aussi le budget des créations de la maison. Des bijoux toujours réalisés à un seul exemplaire et que pourraient lui envier certains joailliers de la place Vendôme…
