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Mario Batali, l’arbre qui cache la forêt d’agressions sexuelles dans les restaurants

Mario Batali en 2016, lors d'un repas à la Maison blanche. | © AFP PHOTO / NICHOLAS KAMM

Food et gastronomie

Le #MeToo progresse en cuisine : les nouvelles accusations d’agressions sexuelles diffusées dimanche contre le chef Mario Batali ont mis le projecteur sur les abus dans les coulisses des grands restaurants, un monde où domine encore une culture particulièrement machiste.

 

Pour les chefs qui outrepassent leurs droits en cuisines, l’heure est venue de passer sur le grill. La police new-yorkaise a confirmé lundi l’ouverture d’une enquête sur les allégations d’agressions sexuelles contre le chef à succès, Américain Mario Batali, après la diffusion ce dimanche de nouvelles révélations sur CBS.

D’après le témoignage anonyme d’une employée de l’un de ses 26 restaurants, Mario Batali l’aurait agressée en 2005 au « Spotted Pig », un restaurant de Greenwich Village prisé des célébrités et dirigé par un ami de Batali. Lemployée raconte que Batali l’aurait droguée, puis agressée alors qu’elle était inconsciente. Lorsqu’elle est revenue à elle, sa jupe portait des traces de sperme. La vicitme est allée à l’hôpital, a vu la police, mais a finalement renoncé à déposer plainte, tandis que le test pour viol réalisé à l’hôpital n’a pas été conservé. Une autre employée du « Spotted Pig », Jamie Seet, a raconté avoir été témoin, en 2008, d’un début d’agression similaire, via les caméras de surveillance du restaurant. Elle a indiqué que plusieurs employés étaient alors intervenus pour mettre fin à la scène.

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Pas un restaurant épargné

Mario Batali, 57 ans, avait déjà été accusé en décembre de harcèlement et d’attouchements. Des accusations qui l’avaient poussé à publier des excuses pour ses « nombreuses erreurs », à se mettre en retrait de son empire gastronomique, et à renoncer à son émission télévisée. Mais les nouvelles accusations, qu’il a démenties auprès de CBS, sont encore plus graves. La société qu’il a co-fondée, B&B Hospitality, les a qualifiées de « glaçantes et très troublantes ». Elle a annoncé dans un communiqué qu’elle négociait actuellement sa sortie du capital et espérait qu’un accord définitif interviendrait d’ici au 1er juillet.

©EFE/John Watson-Riley – Mario Batali (troisième en partant de la droite) à une réception donnée par le roi Juan Carlos d’Espagne à Miami en 2009.

Selon une ex-serveuse de Batali, ce comportement prédateur serait « largement répandu » dans la restauration, un milieu connu pour son organisation extrêmement hiérarchisée, quasi-militaire. « Ça fait plus de 20 ans que je travaille là-dedans et il n’y a pas un endroit où je n’ai pas eu ce genre d’expériences », a-t-elle déclaré sur CBS.

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Depuis le début de l’affaire Weinstein et du mouvement #MeToo, qui a mis au jour des milliers de témoignages d’abus sexuels dans de nombreux secteurs économiques, plusieurs chefs ont été mis en cause, même si aucun n’avait la visibilité de Mario Batali. Co-propriétaire de 26 restaurants, vedette du show culinaire télévisé « The Chew », auteur de livres de cuisine, il était l’image du chef truculent et haut en couleurs, s’affichant volontiers en shorts et en chaussures Crocs de couleur orange. La face cachée du personnage semble quant à elle bien plus sombre.

Avec Belga

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