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Un « Musée de la nourriture dégoûtante » pour remettre en question notre alimentation

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Ce visiteur vient de manger du hakarl, du requin fermenté d'Islande. | © Robyn Beck / AFP

Food et gastronomie

Beurk ou miam ? La différence est plus dans la tête que dans l’assiette. C’est ce que tente en tout cas de démontrer le « Musée de la nourriture dégoûtante » installé récemment à Los Angeles.

Vous reprendrez bien un peu de tarentule frite et d’oeuf à l’urine ? Avec un doigt de vin de souriceaux pour faire glisser ? Ces mets font partie des 80 plats inscrits au menu du « Musée de la nourriture dégoûtante » inauguré dimanche à Los Angeles, avec pour but non pas d’ouvrir l’appétit mais bien plutôt l’esprit des visiteurs à d’autres façons de s’alimenter.

Initialement lancée en Suède en octobre, l’exposition va rester à Los Angeles durant deux mois. « Si nous pouvons changer ce que les gens considèrent comme dégoûtant, peut-être pouvons-nous aussi les préparer à accepter des nouvelles formes de protéines durables », déclare à l’AFP Samuel West, fondateur de l’exposition, en présentant une assiette de vers mopane. Ces grosses chenilles de papillon constituent une source de protéines importante pour des millions de Sud-Africains.

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L’assiette de vers mopane. Appétissant ? © Robyn Beck / AFP

Une odeur insupportable

Diplômé en psychologie, Samuel West reste prudent : en guise de ticket d’entrée au musée, le visiteur se voit remettre un sac à vomi. Certaines spécialités gastronomiques sont simplement répugnantes en raison de leur odeur. Il en va ainsi de l’époisses, un fromage français, ou du surstromming, recette suédoise dont le fumet, considéré comme l’un des plus forts au monde, explique qu’il soit généralement consommé à l’air libre… Le surstromming est fait à base de hareng de la mer Baltique cru, fermenté durant au moins six mois. On dit qu’un propriétaire allemand a expulsé son locataire en 1981 pour en avoir ouvert une boîte dans la cage d’escalier.

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D’autres plats révulseront certains par leur mode de préparation : le vin de souris chinois, obtenu en noyant des bébés souris dans de l’alcool de riz et en les y laissant longuement macérer.

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Samuel West sent une boite de surstromming, fait à base de hareng de la mer Baltique cru et fermenté durant au moins six mois. © Robyn Beck / AFP
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Un petit verre de vin de souris chinois ? © Robyn Beck / AFP

Dans les assiettes du musée, on trouve également des animaux vivants, comme le « casu marzu », fromage de brebis fabriqué en Sardaigne et qui grouille d’asticots, lui donnant sa texture crémeuse si caractéristique. Plus étonnant encore, les « oeufs de garçonnet », mets traditionnel de l’est de la Chine très proche d’un banal oeuf dur… mais longuement bouilli dans l’urine de garçons prépubères.

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Ne pas juger la nourriture des autres cultures

Tous les goûts ont beau être dans la nature, certains pays ont eu du mal à avaler le choix des spécialités qui les représentent, a souligné Andreas Ahrens, conservateur du musée. « Le Vegemite d’Australie est en train de causer un incident diplomatique », regrette M. Ahrens, en référence à cette pâte à tartiner brun foncé et salée produite à base d’extrait de levure, tandis que les Américains sont vexés par la présence dans l’exposition de la « root beer », soda douceâtre aromatisé au sassafra et à la salsepareille, et des Twinkies, génoises fourrées à la crème, bourrées de gras et de sucre. .. « Quant aux Péruviens, ils sont mécontents de voir que nous avons mis le cuy, cochon d’Inde grillé, un célèbre plat de leur pays », poursuit le conservateur.

Aucune raison de s’emporter, assure Andreas Ahrens. « Le but est de faire prendre conscience aux gens que nous ne devons pas juger la nourriture des autres cultures trop hâtivement. Mais on ne pouvait pas appeler ça ‘Musée de la nourriture durable’ ou ‘Exposition des différences culturelles’, personne ne serait venu ».

Avec Belga

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