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À la recherche des femmes chefs : un documentaire qui met la parité au menu

En cuisine, certains clichés restent aussi figés que l'effigie de cire d'Anne-Sophie Pic. | © Belga

Food et gastronomie

C’est un comble : tandis qu’à la maison, les femmes se voient encore souvent confier la responsabilité des repas, dans la sphère gastronomique, les chefs sont principalement masculins. Une tendance qui s’inverse doucement, avec des femmes chefs de talents telles qu’Anne-Sophie Pic et Arabelle Meirlaen, et que Vérane Frédiani met en lumière dans un documentaire. 

En janvier dernier, l’annonce du lancement du « Prix de la femme de chef de l’année » avait suscité la polémique. Baptisé Véronique Abadie, du nom de l’épouse du défunt chef breton Jean-Paul Abadie, le prix avait été lancé à l’initiative du chef Laurent Trochain. Objectif : mettre à l’honneur les femmes qui « oeuvrent auprès de leurs maris, dans leur maison avec discrétion et sérénité ». Une conception rétrograde, qui avait suscité la colère de l’association Women Do Wine : « vous ne souhaitez pas récompenser ces femmes, mais leurs qualités de compagnes. D’épouses. De mères. Et, vous le dites vous-même, leur « sérénité et discrétion ». Ce ne sont pas des individus que vous avez en tête, mais des faire-valoir récompensés pour s’effacer derrière « leur chef » de mari ». D’autant qu’en 2017, les femmes n’ont plus à s’effacer dans les cuisines des étoilés.

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La recette du succès

En Belgique, des femmes telles que Julie Baekelandt, Isabelle Arpin ou encore Arabelle Meirlaen ont remporté la course aux étoiles. La recette : talent, passion, mais aussi et surtout détermination. Car si les femmes sont de plus en plus nombreuses à exercer les métiers de chef ou de sommelier, le sexisme a la dent dure en cuisine. Une situation que dénonce Flora Mikula, chef de l’auberge parisienne éponyme : « Je suis entrée à 16 ans en cuisine à une époque où les jeunes filles n’avaient pas leur place. Dans certaines maisons ce n’était même pas envisageable. C’était soi-disant trop dur, trop physique, perturbant. Des aberrations. Pour accéder aux cuisines gastronomiques, j’ai dû partir à Londres ».

Renouvellement des brigades

Cuisiner à l’étranger, la recette du succès ? Aujourd’hui, les mentalités ont changé. En cause, ainsi que Jocelyn Herland, chef exécutif du Meurice l’a expliqué à Madame Figaro, le renouvellement des brigades. « Les chefs sont de plus en plus ouverts d’esprit et font de moins en moins la différence entre les deux sexes. Et pour cause, les générations défilent et les apprentis d’aujourd’hui, futurs chefs de demain, auront travaillé aussi bien avec des hommes qu’avec des femmes ». Reste que la parité met du temps à arriver : sur les 616 tables primées par le guide Michelin en 2017, seules 16 sont tenues par des femmes.

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Mise en lumière

Pour mettre en avant les femmes qui réussissent dans le monde très fermé de la gastronomie, la réalisatrice Vérane Frédiani a pointé sa caméra sur ces wonder women qui secouent les stéréotypes et  managent des brigades avec poigne mais sans renier leur féminité. Au générique, de grands noms de la cuisine tels que Anne-Sophie Pic, Adeline Grattard,  Elena Arzak,  Dominique Crenn, ou encore Clare Smyth. Un documentaire gourmand et nécessaire, à découvrir en juillet dans les salles à moins de le savourer ce dimanche en avant-première lors du festival culinaire Taste of Paris.

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