Sneakers de luxe : Dans un atelier de « la capitale chinoise des contrefaçons »

Image d'illustration. | © Unsplash
Vice s’est rendu à Putian, en Chine, pour rencontrer un as des fausses baskets de marque. Des contrefaçons qui rapportent gros.
Balenciaga, Off-White, Air Jordan, Yeezy… L’atelier de Chan est un rêve éveillé pour tout amoureux de baskets qui se respecte. Car ses contrefaçons sont proches de la perfection. Une opération (très) lucrative qui rapporterait à cet ancien étudiant en médecine plus de 100 000 dollars par mois. Le visage masqué, il s’est confié à Vice.
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Des « it shoes » à 120 dollars
C’est à Putian, ville chinoise rebaptisée « la capitale chinoise de la contrefaçon », que le jeune homme gère son business. Encore étudiant, il réalise que c’est ici, en face de l’île de Taïwan, que les chaussures (fausses) qu’il convoite sur internet sont fabriquées. Il veut en être. Aujourd’hui, Chan peut proposer les Balenciaga Triple S que tous les modeux normcore s’arrachent à 120 dollars au lieu de… 1200 dollars. Un prix qui défie toute concurrence. Le jeune homme dispose également de sa propre page Reddit.
Inside job
Car comme l’explique Vice dans son docu, les baskets copiées par Chan sont non seulement chères, mais « extrêmement rares ». Une raison supplémentaire pour laquelle les sneaker heads du monde entier se tournent vers la contrefaçon. Mais là où l’homme au léger accent british fait fort, c’est qu’il est capable de sortir les nouvelles collab’ en vue en un temps record. Il dispose en effet d’insiders – des « back doors » comme il les appelle – qui lui procurent des paires originales avant même leur mise sur le marché. Ainsi, il propose déjà la nouvelle Converse x Virgil Abloh à prix cassé : seulement 80 dollars au lieu de 1800.
J’adore les contrefaçons, c’est le meilleur retour possible. – Virgil Abloh en 2017
Chan ne voit pas où est le mal. Pour lui, il s’agit d’une « relation gagnant-gagnant-gagnant ». Les clients, son entreprise et même les marques y trouvent leur compte. À ses yeux, ces dernières gagneraient même en notoriété. Il en veut pour preuve une citation de Virgil Abloh himself. « J’adore les contrefaçons, c’est le meilleur retour possible. C’est mieux qu’un bon article dans Vogue. Si ça marche au point que quelqu’un d’autre peut en profiter, cela veut dire que ça marche vraiment », déclairait en 2017 le fondateur d’Off-White, récemment devenu le directeur artistique des collections homme de Louis Vuitton.
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Que l’on cautionne ou non l’activité de Chan, on appréciera le cynisme du bonhomme qui semble simplement profiter de la folie autour des sneakers de luxe, plutôt que de les apprécier. « Pour moi une chaussure doit être fonctionnelle. Je les trouve souvent ridicules », concède-t-il au milieu de ses boîtes en carton. « Mais ce n’est pas à moi de juger », ajoute-t-il avec un petit rire.