Une étiquette pour mettre à nu la pollution générée par nos habits

Pour fabriquer votre jeans, les Nations Unies estiment que 7 500 litres d’eau sont nécessaires. | © EPA/ULISES RUIZ
C’est un petit bouleversement qui se profile dans le milieu du prêt-à-porter. En France, les autorités envisagent une étiquette qui résumerait l’éco-responsabilité (ou pas) des vêtements vendus.
Par Marie Kneip (stagiaire)
Deuxième industrie la plus polluante au monde, le secteur du textile est au coeur des discussions sur le changement climatique. Le gouvernement français travaille actuellement sur une sorte de ‘nutri-score’ pour vêtements. Au lieu de vous donner le taux de sodium ou de graisses saturées de vos spaghettis carbonara préparés, cette note indiquera la pollution émise par le manteau dont vous rêvez. Comme sa cousine du secteur alimentaire, elle ira de A à E, du plus ecofriendly au plus polluant.
Un indicateur qui pointe du doigt la pollution de l’eau
Dans les coulisses du bulletin, on retrouve neuf indicateurs dévoile France Info. Parmi ceux-ci trois concernent l’impact sur l’eau : consommation, toxicité aquatique et acidité. L’ONU révélait récemment que 20% de la pollution mondiale des eaux provenait de l’industrie textile. Pour fabriquer votre jeans, les Nations Unies estiment que 7 500 litres d’eau sont nécessaires, ce qui équivaut à… 45 baignoires bien remplies.
Plus surprenant encore, la production de vêtements est responsable de 10% des émissions de gaz à effet de serre, pas loin derrière l’industrie du pétrole. L’énergie fossile, sous forme de polyester, reste la matière première la plus utilisée dans la mode. Plus robuste que son cousin le coton, elle n’est pas recyclable et se retrouve dans les océans sous forme de micro plastiques.
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Un impact attendu en haut de l’échelle de production
En plus de sensibiliser le consommateur sur la confection de son nouvel achat, l’outil pourrait à terme pousser les industriels à changer leur manière de produire. Tout comme le nutri-score, cet outil va au final réduire les barrières qui séparent l’acheteur de la conception de son vêtement. Vu que la pratique se veut transparente, elle pourrait même signer la fin du greenwashing – cette tendance trompeuse où les entreprises se prétendent écoresponsables à tort.
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Les conditions de travail toujours dans l’ombre
On regrettera l’absence d’attention accordée au facteur humain, bien présent dans l’équation de la production textile. À quoi bon acheter un pull au faible impact écologique s’il a été fabriqué par un travailleur aux droits sociaux discutables ou même par un enfant ? Entre 2006 et 2012, plus de 500 travailleurs Bengalis ont perdu la vie dans les flammes d’industries textiles, rappelle le New York Times.
L’industrie de la mode détruit indéniablement l’environnement, mais les travailleurs du textile sont également en première ligne…