Trois raisons d’oser les ventes aux enchères horlogères

Une Omega Speedmaster pré-Moon : modèle testé à la NASA avant la mission lunaire Apollo 11 en juillet 1969. La cote est bonifiée par la présence des documents d’époque qui faisaient office de garantie : 10 000 euros (2019, Millon Belgique). | © Omega
Premier coup de marteau sur un cliché : les ventes aux enchères ne sont pas réservées à une élite.
« Chacun peut venir participer à leur ambiance assez extraordinaire », encourage Sébastien Delbar, collectionneur et expert horloger pour la maison Millon Belgique. « Quand j’avais 15 ans, j’y assistais comme à un spectacle de théâtre », se souvient Julien Schaerer, expert montres, commissaire-priseur et directeur général d’Antiquorum Genève. Venant régulièrement réaliser des expertises à Bruxelles (chez Hall of Time), il bat en brèche le cliché de l’inaccessibilité : « Nos ventes les plus prestigieuses incluent toujours une sélection de pièces intéressantes dès 1 000 euros pour la jeune génération de collectionneurs. L’horlogerie n’est pas une question de prix ou d’investissement, mais de passion. »
Ceci dit, ce sont évidemment les enchères stratosphériques qui nous fascinent. La Rolex Daytona Paul Newman longtemps portée par l’acteur fut adjugée 17,8 millions de dollars en octobre 2017, lors d’une vente de la maison Phillips. « Son prix ne pouvait que défier la raison », s’exclame Sébastien Delbar. Elle cumulait tous les atouts qui font exploser la cote d’une montre : prouesse technique, beauté, rareté et prestige d’avoir appartenu à un personnage mythique.
Avec une cote moyenne de 150/200 000 euros et 300 000 euros en top état, les premières Daytona Paul Newman 6239, peu fabriquées (vendues 1 000 dollars en 1970 !), constituent le Graal absolu pour les collectionneurs. Les dernières références aussi, en étant l’aboutissement technique du modèle (6263/6265, produites jusqu’en 1987).

Les megastars des enchères
Les historiques qui ont lancé une innovation atteignent des scores extraordinaires. En tête, les Aquanaut et Nautilus Patek Philippe (dont la plus collectionnée, la 3700 dessinée par Gérald Genta vers 1970, vaut de 70 000 à 120 000 euros selon l’état), les premières Reverso et Memovox Jaeger-LeCoultre avec rappel sonore de rendez-vous, les Baignoire de Cartier, les Rolex sportives lancées il y a trente ans (Submariner, GMT, Sea-Dweller), les anciennes montres techniques d’aviateur. Plus, constate Julien Schaerer, toutes les Royal Oak Audemars Piguet : « L’incroyable engouement envers cette montre d’acier automatique est lié à sa grande taille, toujours d’actualité. »
A retenir : la cote d’un garde-temps dépend de l’état du cadran. S’il est resté impeccable, les prix s’envolent. Mieux vaut, préviennent les experts, un cadran oxydé ou griffé plutôt qu’un cadran restauré (même très bien) qui fait chuter la valeur de la montre. D’où l’intérêt de bénéficier de la sécurité des expertises et prix objectifs des salles de vente. « Le candidat acheteur a la possibilité d’interagir avec nous et d’être renseigné en détails », conclut Sébastian Delbar. Il souligne un autre avantage des enchères : obtenir immédiatement une pièce iconique qui, en boutique, risquerait d’être soumise à un long délai d’attente.

Les bonnes affaires
Elles sont nombreuses, dès que l’on s’éloigne des modèles sur lesquels pèse la pression d’une intense demande, voire de la spéculation. Les garde-temps moins (ou pas encore) à la mode offrent l’accès à la créativité et au savoir-faire des grandes marques et manufactures : les montres de plongée Breguet, Longines et Breitling des années 1930/40, les premières Rolex étanches de la même époque, les Jack Heuer d’avant TAG Heuer (Otavia, Carrera, Monaco), les belles Omega or des années 50 estimées 1 000 à 1 500 euros, les montres de marques disparues (Enicar, Universal Genève, Angelus, Record) et les chronos automobiles « young timers » des années 1970-80.


INFOS
www.antiquorum.swiss – 00 41 22 909 28 50
(Prochaine vente horlogère à Genève : 9-10 mai)
fr.millon-belgique.com – 02 218 00 18
(Vente online, jusqu’au 8 février)