Fantaisie minérale : nouvelle coqueluche des maisons horlogères

Les pierres naturelles offrent une fascinante toile de fond à la ronde des heures. | © DR
Elles ne brillent pas, elles ne sont qualifiées ni de précieuses, ni même de semi-précieuses. Et pourtant, les pierres dures dites « ornementales » habillent de plus en plus les cadrans de leur beauté singulière.
Les fantaisies graphiques des roches minérales ont l’avantage de donner à chaque montre un visage unique, ainsi qu’un supplément de glamour. La malachite d’un vert tropical se veine de longues pistes sinueuses à explorer du regard, le lapis-lazuli cristallise les flots les plus bleus, l’aventurine bleu nuit s’illumine de minuscules pépites, l’œil-de-tigre se griffe de chatoyants reflets mordorés.
Avec ou sans diamants, ces gemmes deviennent la nouvelle coqueluche des maisons et marques horlogères. En 2021, Hermès a paré pour la première fois la sobre Heure H d’un trio de cadrans en malachite, aventurine et obsidienne volcanique. Omega vient de dévoiler son élégante De Ville Trésor en or Moonshine, sublimée par un cadran bombé façonné en malachite. Et Chaumet a, dès 2019, lancé une collection de garde-temps d’exception inspirés d’une tradition asiatique : les « pierres de rêve », censées évoquer des paysages miniatures. Ces gemmes aux noms étranges prennent place dans des boîtiers épurés afin de déployer leur mystère : opale dendritique, rhodonite rose, jaspe mokaïte, chrysocolle, shattuckite, etc.

Enfin, la collection d’esprit couture Flamea Balmain rend la tendance accessible. Plusieurs modèles en acier ou acier PVD y font défiler œil-de-tigre, agate bleu ciel, malachite ou aventurine (de 445 à 545 euros, balmainwatches.com).
Si l’on trouve un petit air vintage aux montres parées d’un cadran en pierre dure, ce n’est pas un hasard. Elles étaient très à la mode dans les années 1960-1970, période unique d’insouciance et de liberté. Plus qu’une tendance, leur style flamboyant répondait au désir de l’époque de célébrer la vie avec chic et extravagance. Piaget fut au cœur de ce mouvement : dès 1963, la maison suisse proposait trente cadrans en pierre, tous différents. Une créativité chromatique rendue possible par une autre révolution Piaget, à savoir la mise au point du calibre manuel extraplat 9P, d’à peine 2 mm d’épaisseur. Sa finesse exceptionnelle permit de changer la perception et les possibilités de l’horlogerie.

Jackie Kennedy fut parmi les plus célèbres à en profiter : une montre ovale atypique au cadran de jade accessoirisait souvent son look de first lady élégante et naturelle. Figure emblématique du New York Underground, Andy Warhol s’identifiait aussi pleinement au style Piaget. Véritable « friend of the brand » avant la lettre, le fondateur du Pop Art américain acquit de nombreuses montres. L’une d’elles était une manchette féminine en or sculpté possédant un cadran d’œil-de-tigre.

Aujourd’hui, Piaget perpétue encore l’esprit audacieux des pierres dures. Turquoise, cornaline, malachite ou lapis-lazuli habillent plusieurs montres-bijoux Possession et Limelight Gala, ourlées de diamants. Au SIHH 2018, la manufacture créa l’événement en associant sa maîtrise de l’extraplat à la virtuosité minérale : au prix d’un travail méticuleux et grâce au calibre 430P, l’un des mouvements automatiques les plus fins au monde, ses artisans avaient réussi à intégrer un tourbillon sur le cadran en marqueterie de malachite ou de lapis-lazuli de l’emblématique Altiplano.

INFOS
www.omega.com
www.chaumet.com
Salon Piaget en exclusivité chez les Joailliers Tollet, 36 rue des Fripiers, 1000 Bruxelles
www.tollet.com