Baby-sitter de robot, un job d’avenir ?

L'automatisation a donné lieu à de nouveaux emplois dans le domaine de la robotique, dont celui de baby-sitter. | © Alex Knight / Unsplash
Comme des enfants, les robots demandent à être gardés et surveillés. Mais baby-sitter des robots n’est pas de tout repos.
Durant l’hiver 2017 en Arkansas, Canon Reeves, un étudiant de 18 ans, a passé une grande partie de son temps à traîner à la hauteur de son genou un robot qui livrait des colis Amazon aux étudiants. Le travail de Reeves consistait à surveiller la façon dont le robot gérait les différents terrains qu’il devait parcourir, à prendre note des commentaires des clients et à éventuellement éteindre et rallumer la machine. Reeves prenait aussi en photo les clients qui demandaient un cliché avec le robot. Alors que la technologie a placé un grand nombre de machines autonomes sur nos routes, nos trottoirs et dans le ciel, un phénomène parallèle s’est manifesté ces dernières années : le robot-sitting.
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À Phoenix, des « agents humains » vont surveiller à distance les taxis robots Waymo bientôt lancés par Google. En utilisant les caméras de la voiture, ils devront évaluer et adapter la conduite en fonction des passagers ou de la route. Les règles de sécurité routière aux Etats-Unis exigent en effet que les véhicules autonomes soient accompagnés à tout moment par des êtres humains. Les titres d’emploi de ces professionnels vont du « gestionnaire de robot » au « pilote de sécurité ». La journaliste Zara Stone, qui a travaillé sur le sujet pour The Atlantic, les appelle « baby-sitters de robots ». Ces employés ont toujours les mêmes responsabilités : surveiller le comportement du robot en termes de sécurité et de performance, et répondre aux questions des clients.

Un boulot banal
Le caractère inhabituel du travail lui confère un certain cachet, de même que le salaire, malgré la nature banale du job en lui-même. Les exigences de poste affichées par Cruise Automation, une autre voiture sans conducteur, sont les suivantes : « Capable de conduire ou de rester assis dans une voiture six à huit heures par jour ». Selon le McKinsey Global Institute, la demande de « baby-sitters de robots » est considérable et devrait atteindre 20 à 50 millions de nouveaux emplois d’ici 2030. Pourtant s’occuper de surveiller des robots peut constituer un job ingrat et monotone. Les conducteurs de sécurité qui sont assis dans des voitures autonomes ont décrit leurs rôles comme « épuisants » et « exigeants » en raison la pression constante de rester hyper-vigilant tout le temps.
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L’article de The Atlantic rappelle qu’en mars 2018 une femme avait été tuée pour la première fois par une voiture autonome d’Uber. L’enquête a démontré que l’opératrice du véhicule ne regardait pas la route au moment de la collision. A ce stade de l’évolution technologique, les voitures autonomes ont encore besoin d’être surveillées de près par leurs baby-sitters.