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Snapcrap, une application pour nettoyer San Francisco

snapcrap

Une "solution" dans une ville qui paie le prix de sa gentrification. | © Unsplash/Samuel Foster

Technologie

À San Francisco, un habitant exaspéré par l’abondance de déjections sur les trottoirs de la ville a décidé lancer une application pour remédier à ce réel problème dans une ville où les inégalités se creusent de plus en plus.

Cela fonctionne comme Snapchat. Sauf que, au lieu d’envoyer des selfies avec des langues de chien, vous permettez de nettoyer des excréments afin de rendre les trottoirs plus propres. C’est un nouvel habitant de San Francisco qui a eu la bonne idée de créer ce « Snapchat de la crotte ». Après avoir passé près d’un an à slalomer prudemment entre les monticules dispersés dans toute la ville, le développeur Sean Miller a décidé de rendre SF un peu moins merdique. L’utilisation de Snapcrap est plutôt simple : « Vous voyez quelque chose de répugnant ? Faites un ‘snap’ et appuyez sur ‘soumettre' », peut-on lire dans la description de l’application. Les photos sont ainsi envoyées au service des travaux publics de la ville, qui dispose de sa propre application 311 permettant de signaler les matières fécales et les déchets, ainsi que les nids-de-poule et les graffitis.

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Une réelle problématique

Si l’application peut sembler futile à première vue, elle met en lumière un réel problème à San Francisco : la ville est couverte d’excréments humains. Au cours des dix dernières années, le nombre de plaintes à ce propos a augmenté de 400% et les habitants appellent 65 fois par jour pour signaler ce type de déchets, indiquait en août dernier le journal britannique The Guardian qui tentait d’apporter une explication. Cette hausse de la défécation dans les rues est « le symbole d’une tragédie humaine », explique le quotidien. « Les incidents (…) montrent les effets catastrophiques et socialement destructeurs d’une inégalité non contrôlée ».

La gentrification de San Francisco, liée à l’explosion high-tech dans la Silicon Valley, a eu un effet désastreux sur les sans-abri, « bien qu’il n’y en ait pas plus qu’avant », précise The Guardian. Alors que le développement immobilier transforme et réduit les possibilités d’endroits où ils dormaient, le manque de toilettes publiques ou accessibles est également pointé du doigt. La plupart des entreprises réservent leurs toilettes aux clients, parce qu’ils ne veulent justement pas qu’elles soient utilisées par des sans-abri. Cette « privatisation » des toilettes ne laisse pas d’autres choix à ces personnes qui vont se soulager dans l’espace public.

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Fin août, la ville de San Francisco a lancé sa propre « poop patrol » pour apporter une solution… sans toucher fond du problème : les inégalités dues au fait que SF est devenue l’une des villes les moins abordables du pays. Il y a encore 7 500 sans-abri qui n’ont aucune chance de trouver un logement dans une ville où un studio coûte 2 500 dollars par mois.

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