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À la découverte de Juprelle : flanerie historique en Basse-Meuse

Côté patrimoine, Juprelle compte quatre monuments et sites classés, tandis que 105 monuments sont inscrits à l’inventaire du patrimoine immobilier culturel. | © Vincent Rocher & Guy Focant

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Située depuis bien longtemps sur la route reliant Liège à Tongres, la commune a conservé un caractère rural, typique du paysage hesbignon.

 

Par Frédéric Marchesani / Photos Guy Focant et Vincent Rocher

Elle fait partie de la Basse-Meuse, qui correspond au bassin de la Meuse entre Liège et Maastricht. Cette région géographique comprend plusieurs zones naturelles parmi lesquelles la vallée du Geer, la vallée de la Meuse, la partie occidentale du pays de Herve et la partie orientale de la Hesbaye, où se trouve Juprelle. D’un point de vue administratif, la commune compte huit sections : Fexhe-Slins, Juprelle, Lantin, Paifve, Slins, Villers-Saint-Siméon, Voroux-lez-Liers et Wihogne.

À ceux-ci, il faut ajouter les hameaux d’Anixhe, Malaxhe et Tilice. La commune se place au nord de la province de Liège et deux de ses villages, Paifve et Wihogne, sont situés sur la frontière linguistique.

Côté patrimoine, Juprelle compte quatre monuments et sites classés, tandis que 105 monuments sont inscrits à l’inventaire du patrimoine immobilier culturel. C’est notamment le cas de l’ancienne maison communale de Fexhe-Slins, érigée au début du XXe siècle en style éclectique. Au centre se trouve un monument aux morts de la Première Guerre mondiale, doté d’une plaque rappelant que cinq jeunes soldats de la commune ont participé à l’épopée de l’Atlas V, un remorqueur qui, dans la nuit du 3 au 4 janvier 1917, parvint à faire passer 103 personnes en zone libre. Mais d’autres endroits de la commune méritent le détour.

L’orgue de l’église Saint-Remacle à Fexhe–Slins. L’église est un édifice néoclassique dont le vaisseau a été érigé en 1868 d’après les plans de l’architecte Eugène Halkin. La tour, du même architecte, a été ajoutée en 1877. À l’intérieur, le sanctuaire conserve du mobilier plus ancien. On y trouve des autels latéraux à retable de 1715, une chaire de vérité de style Régence du deuxième quart du XVIIIe siècle ainsi que des stalles et bancs de communion de la même époque, mais également un très bel orgue, classé comme monument. Il a été construit en 1851 par les frères Molinghen, facteurs d’orgue à Mortier (Blegny), et installé dans l’ancienne église du village. Il fut ensuite démonté et remonté dans la nouvelle église en 1868.

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©Guy Focant & Vincent Rocher.

Cette opération aurait été menée, selon les sources, par les facteurs Willem Peereboom et Jan Leyser. L’instrument a été rénové à deux reprises au cours de la Seconde Guerre mondiale, afin de réparer les dégâts causés par des soldats allemands qui auraient emporté des tuyaux. En 1990, la manufacture d’orgues Schumacher a procédé à une restauration scrupuleuse de l’orgue afin de le remettre dans son état initial. Situé en tribune, face au chœur, l’instrument a conservé son buffet en chêne pour la façade et en sapin pour le fond. La soufflerie, les sommiers, la transmission, la console et la tuyauterie sont également d’origine, faisant de l’orgue un instrument complet de la seconde moitié du XIXe siècle. Il a été classé en 1974.

La ferme de Malaxhe à Juprelle. À l’écart de l’agglomération de Juprelle, le hameau de Malaxhe abrite la ferme du même nom, remarquable par l’importance et le caractère lumineux de son principal corps de logis. Une aile de grange, à l’est, est millésimée 1722. Le site a conservé son ancienne chapelle, située à droite dans la partie à rue. La ferme est classée comme monument depuis 1988.

 

©Guy Focant & Vincent Rocher.

L’église Saint-Servais à Lantin. Situé sur une butte au milieu du cimetière, ce remarquable édifice, de dimensions modestes, a été rebâti en plusieurs étapes entre 1700 et 1715 en conservant la tour de l’ancienne église. La reconstruction est l’œuvre du curé Verdin, véritable mécène qui dota l’église d’un riche mobilier. En 1700, un nouveau chœur et une nouvelle sacristie sont accolés à l’ancienne église. Entre 1711 et 1715, cette dernière est démolie et remplacée par le vaisseau actuel.

En 1720, la tour de tradition romane est restaurée. L’originalité et le charme de cet édifice résident dans la combinaison inhabituelle des volumes de toitures couvrant chacun de ses éléments. À l’intérieur, le sanctuaire mérite véritablement le détour. La nef possède un exceptionnel plafond couvert de lambris en chêne mouluré décoré de peintures, et la voûte en berceau est ornée des armoiries des donateurs.

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©Guy Focant & Vincent Rocher.

La nef centrale compte 72 caissons peints en 1712, tandis que les nefs latérales affichent des plafonds plats décorés de panneaux représentant, à gauche, la Passion du Christ (1714) et, à droite, la vie de la Vierge (1713). Les trente-six caissons de la coupole du chœur, installés en 1701, sont également ornés d’armoiries de donateurs, des familles bourgeoises de l’endroit et les curés des paroisses avoisinantes. L’église bénéficie d’un classement comme monument depuis 1935.

Le château de Voroux-lez-Liers. Sous l’Ancien Régime, Voroux-lez-Liers était une seigneurie relevant de la cour féodale de Liège. Le seigneur ne possédait donc pas de pouvoirs de justice, mais bien le droit de récolter des impôts. Le château du village a été édifié vers 1750 par Jean-François de Fassin, seigneur de Voroux. Il prend la forme d’une élégante gentilhommière en double corps, érigée en briques et moellons de calcaire. De part et d’autre de la cour, on trouve les dépendances, une remise à voiture et des communs, érigés à la même époque que le château. À gauche se place l’ancienne chapelle castrale, qui servait autrefois d’église paroissiale.

 

©Guy Focant & Vincent Rocher.

À l’intérieur, la plupart des cheminées d’époque, en marbre de Saint-Remy, ont été conservées. La propriété, privée et non visitable, est ceinte d’un mur de briques et possède un beau parc arboré à l’arrière du château. Elle a été classée comme monument et comme site en 1976.

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PREPAREZ VOS ESCAPADES

La commune fait partie du territoire couvert par la Maison du tourisme du pays de Liège. Parmi les activités proposées se trouve la Route des cloches, une double boucle de 15 ou 25 km qui met en évidence les monuments de Juprelle : ses églises, mais aussi ses châteaux, comme celui de Paifve, surnommé « château Là-Bas ». Voisin de l’église et de deux grosses fermes, il s’agit d’un beau manoir en briques et calcaire construit au début du XVIIIe siècle. Avec ses baies à croisées ou à meneau, il est caractéristique de l’architecture mosane.

INFOS
www.visitezliege.be

UNE VISITE AU FORT DE LANTIN

©Guy Focant & Vincent Rocher.

Abandonné le 15 août 1914 après cinq jours de résistance, le fort de Lantin tombe sous possession allemande avant d’être, après la guerre, utilisé comme dépôt de munitions. N’ayant subi aucune modernisation, ce fort se trouve toujours actuellement dans un état proche de ce qu’il était au moment où il fut attaqué. Depuis 1983, il est la propriété des Amis du fort de Lantin, une association qui en assure la sauvegarde et la restauration. Le site est aujourd’hui ouvert à la visite. La découverte des lieux se fait à l’aide d’un audioguide qui permet, suivant un parcours-spectacle, de découvrir l’histoire du fort et les conditions de vie de la garnison qui y était casernée. On accède à l’ensemble par l’ancienne poterne d’entrée, un pavillon d’accès présentant un pont roulant escamotable en cas d’assaut. La poterne de Lantin provient en fait du fort de Boncelles et a été récupérée par l’association dans un souci de rénovation de l’ensemble. On accède ensuite à la cuisine, à l’infirmerie, aux sanitaires et autres locaux de service. On découvre également les pièces destinées à loger les soldats, un bureau de tir, des magasins à obus… Au centre, un phare provenant du fort namurois d’Émines constitue le point culminant des lieux.

INFOS
Fort de Lantin, rue de Villers 1 à 4450 Lantin. Accessible du 1/10 au 31/3 tous les deuxièmes dimanches du mois de 12 h 30
à 17 h. Du 1/4 au 30/9, ouvert du jeudi au dimanche ainsi que les jours fériés de 12 h 30 à 17 h. +32 (0)4 246 55 44 lesamisdufortdelantin@edpnet.bewww.fortdelantin.be

 

Le fort de Lantin.

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