Sivry-Rance : l’écrin de nature qui respire la quiétude

Les cinq villages de l’entité – Grandrieu, Montbliart, Sautin, Rance et Sivry – respirent le calme, la quiétude et le repos. Et les beautés y sont nombreuses. | © Vincent Rocher
Cette jolie commune abritant un patrimoine rural composé de fermes, de potales et de chapelles compte quatre biens classés comme monument. Partons à sa découverte.
Par Florence Pirard / Photos Vincent Rocher
Au cœur de la botte du Hainaut, partie méridionale de la province, Sivry-Rance jouit d’un cadre remarquable. Un écrin de verdure où le paysage est entrecoupé de petits ruisseaux, d’étangs, de bois, de haies. Le bocage rappelle celui du nord de la France le long de la frontière. Les cinq villages de l’entité – Grandrieu, Montbliart, Sautin, Rance et Sivry – respirent le calme, la quiétude et le repos. Et les beautés y sont nombreuses.
La chapelle Notre-Dame de Là-Haut à Sivry. Ce petit édifice datant de 1643, bâti sur une éminence à la sortie du village et encadré d’arbres, est mieux connu sous le vocable de Notre-Dame de Là-Haut. Construite en calcaire et briques blanchis, la chapelle est composée d’une nef carrée et d’un chœur plus étroit surmonté d’un étage pour le guet. Elle a été classée comme monument en 1970.
La chapelle Saint-Roch à Rance. Édifiée dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, elle est caractérisée par sa façade particulière montée en pierre de taille. Le chevet et les façades latérales sont élevées plus frustement en moellons de calcaire marbrier. La chapelle est classée comme monument depuis 1978.

La ferme Le Château à Montbliart. Isolée en contrehaut de la voirie, elle apparaît comme une grosse demeure de style traditionnel, proche de l’esprit du manoir, oscillant entre architecture défensive et de plaisance. Érigée en briques et calcaire dans le courant du XVIIe siècle, elle a été modifiée au niveau des baies et agrandie d’une courte aile au début du XVIIIe siècle, sans doute en 1718, selon le millésime inscrit au linteau de la porte. Intéressante par l’articulation de ses composantes – logis, tour carrée et aile –, elle s’identifie également par l’ampleur de ses toitures.

Le château Doyen à Sautin. Nichée sous les frondaisons d’un vaste parc fermé de grilles et abritant un étang, cette intéressante villégiature d’esprit éclectique a été construite vers 1910-1920. L’édifice, flanqué d’une jolie tourelle, est orné de riches décors de céramique inscrits sur les façades enduites. Les ornements contribuent à typer cet ensemble rare dans la région.
L’ancienne brasserie et minoterie à Sivry. Au vu de la lucarne passante à monte-charge préservée en façade, cet intéressant immeuble de style néoclassique a peut-être abrité une ancienne brasserie ou une minoterie. Élevé au cours du deuxième tiers du XIXe siècle, il comprend deux niveaux et demi sous une bâtière, et regroupe un logis et un passage charretier.
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Le fournil de Montbliart. Ce très bel édifice du XIXe siècle en briques chaulées, d’un seul niveau, est épaulé à l’arrière par le petit volume abritant le four. Le fournil, classé comme monument depuis 1980, est couvert d’une bâtière d’ardoises.
UNE CHAPELLE RESTAUREE DANS LE CADRE D’UN PROJET EUROPEEN
La chapelle Notre-Dame de Là-Haut, à Sivry, a été restaurée en 2011 au cours d’un chantier d’apprentissage des techniques d’entretien et de restauration du bâti ancien, visant à former un public tout en restaurant un édifice du petit patrimoine populaire. Les stagiaires étaient des agents techniques communaux de Sivry-Rance, Beaumont, Froidchapelle et Walcourt. L’encadrement était assuré par le Centre des métiers du patrimoine de la Paix-Dieu à Amay (Agence wallonne du patrimoine).
La formation a permis d’assurer à nouveau, sur la base de documents d’archives et du relevé de traces sur le bâtiment, la protection du parement en pierre de la chapelle grâce à un badigeon à la chaux. Beaucoup de chapelles de la région datant de la même époque étaient en effet régulièrement enduites. Le badigeon freine le processus d’érosion et de vieillissement des maçonneries.
À la différence des peintures synthétiques, la chaux se caractérise par sa faible résistance qui assure une souplesse et sa perméabilité à la vapeur, permettant l’évaporation de l’eau contenue dans les murs. Après avoir nettoyé l’entièreté des maçonneries, les stagiaires ont appliqué à la brosse trois couches de badigeon sur une couche de préparation. Cette opération a été réalisée dans le cadre du projet Interreg IV Trans-formation du patrimoine, en collaboration avec la commune de Sivry-Rance pour le financement des matériaux.
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189 KM DE PROMENADES BALISEES
L’office du tourisme de Sivry-Rance vous propose, à travers ce relief vallonné, la découverte de points de vue remarquables grâce à de nombreux parcours de randonnée. La région compte pas moins de 189 kilomètres de promenades balisées. Toutes les formules sont possibles, pour chaque type d’usager (à pied, à vélo, à cheval).
INFOS
Office du tourisme
Grand’Place 2 à 6470 Sivry
+32 (0)60 21 94 99
officetourisme@sivry-rance.be
officetourismesivryrance.wordpress.com
LE MARBRE DE RANCE, UN MATERIAU DE NOTORIETE INTERNATIONALE
Le marbre de Rance (également appelé rouge de Flandres, marbre rouge des Flandres ou rouge belge) est une variété de marbre de couleur rouge, rayé de veines grises et de taches blanches et bleuâtres. Exploité dès le XVIe siècle, il obtint une grande renommée surtout grâce à l’usage intensif qui en fut fait lors de la décoration du château de Versailles (dallages, placages, pilastres – comme dans la galerie des Glaces – et colonnes, escaliers et cheminées monumentales), surtout durant la seconde phase de construction (1668-1670). La demande est alors si pressante qu’une route est tracée à travers la forêt, entre Renlies et Cousolre, pour acheminer plus facilement les colonnes de marbre vers Paris et Versailles. Au milieu du XIXe siècle, la moitié de la population locale travaillait dans les carrières ou les nombreux ateliers.

Le marbre rouge de Rance est utilisé en Belgique et à l’étranger. Outre le château de Versailles, ces quelques exemples montrent l’étendue de son prestige : le grand escalier d’honneur du palais d’Egmont à Bruxelles, plusieurs sépultures royales se trouvant dans la cathédrale de Roskilde (Danemark, vers 1591) et l’église Saint-Charles-Borromée d’Anvers (construite de 1615 à 1621), ainsi que des œuvres et des décorations à la chartreuse de Pavie (Italie), dans la cathédrale d’Amiens et dans de nombreuses églises (Saint-Sulpice, Saint-Louis-en-l’île, Saint-Séverin, etc.) et hôtels particuliers de Paris.
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LE MUSEE DU MARBRE
La commune de Sivry accueille le Musée du marbre, qui en présente l’histoire, la géologie, la paléontologie, l’archéologie industrielle, l’évolution des techniques ou encore l’industrie monumentale. Le musée est également un centre de documentation et possède une riche bibliothèque. Plusieurs publications spécialisées sont disponibles. De nombreuses visites sont organisées pour tous les publics : familles, écoles, adultes…
INFOS
Musée du marbre, Grand-Rue 22 à 6470 Rance. +32(0)60 41 20 48
info@museedumarbre.com – www.museedumarbre.com