Par Elisabeth Debourse
C’est un combat qui dure depuis plusieurs mois désormais, mais dont l’issue semble déjà connue : la bataille de la tribu de sioux de Standing Rock contre des géants du pétrole. Alors que le projet de gigantesques oléoducs traversant les territoires amérindiens avait été modifié par Barack Obama, l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche change tout. Ces quatre derniers jours, c’est donc vers cette même Maison blanche, à Washington, qu’ont marché les manifestants, agitant pancartes et plumes dans un dernier acte de désespoir.
Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux Amérindiens, ont défilé vendredi vers la Maison Blanche pour protester contre la construction d’un oléoduc dans le Dakota du Nord, relancée par le président Donald Trump.
Principalement menées à Washington ces derniers jours, les protestations ont également eu lieu dans d’autres villes des États-Unis, comme ici à Denver (Colorado).
Au son des tam-tams, des danseurs en cercle ont scandé « l’eau est la vie », paroles entrecoupées de chants tribaux pour marquer leur opposition au Dakota Access Pipeline.
La tribu sioux de Standing Rock conteste le tracé de cet oléoduc, qui, selon elle, passe sur des sites sacrés et menace ses sources d’eau potable.
Un grand nombre des près de 600 manifestants portaient des vêtements traditionnels avec coiffes de plumes, et s’étaient enveloppés de couvertures très colorées en cette fraiche journée, parfois arrosée d’un mélange de pluie et de neige. Ici un chaman danse en face de la Maison blanche.
Molly Ryan « Kills Enemy » (son nom traditionnel) de la nation des Sicangu Lakota s’adresse, le point levé, aux activistes présents.
Dès sa première semaine de présidence, Donald Trump a relancé le projet Dakota Access Pipeline ainsi qu’un autre oléoduc controversé, Keystone XL. Ces deux projets avaient été bloqués par son prédécesseur Barack Obama. L’administration Obama avait mis fin au conflit dans le Dakota du Nord en décembre en recommandant d’étudier un tracé alternatif.
Des Amérindiens et leurs partisans ont campé pendant près d’un an sur place, bloquant physiquement la construction de cette installation qui traverse quatre États du nord américain et fait près de 1.900 kilomètres de longueur. Il doit transporter l’or noir du Dakota du Nord, un des principaux pôles de production de gaz et de pétrole de schiste aux Etats-Unis, vers un centre de distribution dans l’Illinois.
Certains manifestants se sont enchainés devant la Sun Trust Bank, ce vendredi 10 mars.
Les activistes ont dû lever leur camp de Standing Rock le mois dernier, les autorités leur ayant posé un ultimatum pour qu’ils quittent le site. Ce camp de fortune a compté jusqu’à plusieurs milliers de personnes. Des échauffourées musclées ont parfois opposé manifestants et forces de l’ordre.
L’exploitant du projet, Energy Transfer Partners, avait cherché l’apaisement en assurant que le tracé avait été décidé après consultations de dizaines de tribus et d’experts archéologiques. Il estime que l’oléoduc devrait être opérationnel plus tard ce mois-ci.
« Nous devons surmonter beaucoup d’obstacles », a lancé vendredi David Archambault, président de la tribu Standing Rock, aux manifestants. « Mais nous ne sommes pas vaincus. Nous n’allons pas être des victimes ».
Cette manifestation était le point d’orgue de quatre jours de mobilisation dans la capitale américaine, avec des ateliers, des cérémonies rituelles et des événements culturels visant à attirer l’attention sur la cause des Amérindiens et à illustrer l’unité entre les tribus.
Avec Belga