Par Elisabeth Debourse
Elles ont été mères de la nation, femmes de la patrie, épouses de présidents et parfois de simples jeunes filles qui n’avaient rien demandé. Tantôt dans l’ombre du foyer, tantôt dans la lumières des flashs crépitants, les First ladies des États-Unis ont eu à endosser des rôles à inventer, à réinventer, à cacher et à sublimer. Certaines d’entre elles ont marqué l’histoire des États-Unis de leur empreinte pleine de vision, de force, de détresse aussi.
Mary Lincoln, Eleanor Roosevelt, Edith Wilson, Jackie Kennedy, Hillary Clinton et Michelle Obama font partie de ces grandes dames qui ont fait trembler les fondements d’une position pas toujours simple à incarner.
Il y a celles qu’on a adulées, et celles qu’on a détestées. Mary Lincoln, l’épouse du président qui a aboli l’esclavage aux États-Unis, fait plutôt partie de la seconde catégorie. « Cela correspond à l’image qu’on avait des femmes de l’époque : elle était très dépensière et en temps de guerre, c’était très mal vu » , explique Nicole Bacharan, co-autrice du livre First ladies, à la conquête de la Maison blanche. Première dame de 1861 à 1865, elle a notamment beaucoup déplu en revendiquant une pension de veuve devant le congrès, à la mort d’Abraham Lincoln. « À la mort de son mari, on l’a faite passer pour folle parce qu’elle faisait du spiritisme, ce qui était pourtant très répandu alors », ajoute Nicole Bacharan.
Chapeau tambourin, tailleur et lèvres carmins : Jackie Kennedy a marqué la présidence de son époux par sa classe, en toutes circonstances. « C’est elle qui a créé la présidence de l’image », décrypte la politologue franco-américaine Nicole Bacharan. « Ce n’était pas le fruit du hasard : c’était très pensé, très réfléchi, avec une vision très claire de l’image qu’elle voulait imposer de cette présidence. Les First ladies modernes s’inscrivent toutes dans la lignée de Jackie Kennedy, avec cette préoccupation, cette compréhension du monde de l’image ». Son héritage médiatique persiste, puisque Natalie Portman l’incarnera sur grand écran dans Jackie, qui sortira le 1er février prochain.
« Je crois qu’on peut dire que la First Lady idéale, selon le peuple américain, ça a été très certainement Michelle Obama », soutient Nicole Bachalan. Lorsqu’elle s’engageait en tant que First lady, c’était en soutenant les familles de militaires, en luttant contre l’obésité chez les enfants ou pour l’éducation des jeunes filles : un rôle et des causes relativement traditionnels, pour lesquels elle avait mis sa brillante carrière d’avocate en veilleuse. Mais invitée sur les plateaux de télévisions, on l’y voyait danser, blaguer, serrer des citoyens américains dans ses bras. Cette fonction de première dame, Michelle Obama l’a embrassée « avec une modernité, une chaleur et une décontraction qu’on n’avait jamais vu auparavant ».