Par Noémie Schetrit
Né il y a plus de 3 000 ans, le savon d’Alep est le plus vieux savon du monde. Cet ancêtre du savon de Marseille a des vertus reconnues depuis des millénaires. Il convient à tous les âges et à toutes les peaux. 100% naturel, il est composé d’huile de baies de laurier, d’huile d’olive, de soude d’origine végétale et d’eau. Il ne contient donc ni huile de palme ni graisses animales, ni additifs chimiques et artificiels comme la plupart des savons vendus aujourd’hui sur le marché.
Brun doré beige de l’extérieur, le véritable savon d’Alep se caractérise par une couleur verte émeraude à la coupe, de par sa forte coloration en chlorophylle. On l’appelle « l’or vert de la Syrie ». Il a un aspect brut et ses contours ne sont pas « nets ». On l’appelait d’ailleurs « pain d’Alep auparavant ». Quant à son odeur, il sent bon l’olive et les baies de lauriers.
Le véritable savon d’Alep porte le sceau en arabe du maître savonnier. Et à moins que son pourcentage d’huile de baies de laurier ne dépasse les 50%, il flotte dans l’eau.
Le savon d’Alep se distingue par son savoir-faire traditionnel. En effet, les maîtres savonniers se transmettent les procédés de fabrication de génération en génération. L’huile d’olive, d’origine locale, est chauffée dans des gros chaudrons en cuivre avec de la soude d’origine végétale, et de l’eau. Après la saponification, l’huile de baies de laurier est ajoutée. Son pourcentage varie selon les savonneries. La pâte de savon est ensuite lavée à l’eau salée pour la débarrasser de toute trace de soude, avant d’être étalée sur un sol en pierre, puis recouverte d’une planche en bois, sur laquelle monte les savonniers qui égalisent ainsi l’épaisseur du savon. Vient enfin la découpe du savon.
Les savons sont ensuite empilés en quinconces et sèchent à l’air libre entre neuf et onze mois. C’est là qu’ils vont prendre leur couleur brun doré et s’imprégner du doux parfum des vents de Syrie. Et plus un savon d’Alep vieillit, plus sec et moche il sera, meilleures seront ses vertus.
Bien qu’il n’ait pas d’AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) tout le comme le savon de Marseille, et qu’il n’ait pas encore de label bio puisque le pays est en guerre, le savon d’Alep est d’origine 100% naturelle. Ses bienfaits qui sont reconnus dans le monde entier en font l’un des savons les plus imités au monde.
L’huile d’olive va hydrater la peau, tandis que l’huile de baies de lauriers va la purifier. Selon l’effet recherché, on prendra un savon plus ou moins riche en huile d’olive. Plus la teneur en huile de baies de laurier est importante, plus le savon soignera, par exemple, les problèmes d’acné, d’eczéma ou encore de psoriasis. L’huile de baies de lauriers possède des propriétés antibactériennes, cicatrisantes, apaisantes et désincrustantes.
Le savon d’Alep convient à tous les âges et à toutes les peaux. On peut s’en servir sur toutes les parties du corps et même les cheveux.
Depuis que la guerre a éclaté, de nombreuses savonneries ont explosé et l’export à l’étranger est devenu des plus difficiles. Mais le savon d’Alep a encore de beaux jours devant lui. La société française Al Bara, qui s’est construite durant la guerre, continue d’en importer et fait tout en Syrie : de la fabrication à la mise sous pli. Quant à l’entreprise Alepia, elle continue également d’en importer et elle a même fait venir de Syrie un maître savonnier qui fabrique du savon d’Alep en France désormais.
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