Par Rédaction Paris Match Belgique
Kaboul est devenue, selon l’ONU, l’endroit le plus dangereux d’Afghanistan pour les civils, avec depuis un an une recrudescence des attentats d’ampleur, généralement perpétrés par des kamikazes et tour à tour revendiqués par les talibans ou le groupe Etat islamique.
24 février 2018. Une femme afghane porte son bébé, lors d’une manifestation à Jalalabad rassemblant les partisans du candidat à la présidentielle, Abdullah Abdullah.
Shah Marai entre à l’AFP en 1996, en tant que chauffeur-fixeur, année où les Talibans sont arrivés au pouvoir. Il se fraie un chemin au sein de l’agence en couvrant notamment l’invasion américain de 2001. Il deviendra ensuite photographe puis chef du service photo au bureau de Kaboul.
Âgé de 48 ans et père de six enfants, il a été tué ce lundi dans un double-attentat à la bombe à Kaboul, dont il couvrait la première explosion. « Shah Marai disait avoir vu tant de cadavres depuis qu’il travaillait pour l’AFP qu’il n’en dormait plus la nuit », relate son bureau de Kaboul.
7 février 2013. Un jeune garçon afghan vend des ballons, un matin d’hiver à Kaboul.
Pendant de nombreuses années, Shah Marai se cache pour prendre ses photos, en raisons des règles strictes imposées par les Talibans. Le 13 décembre 2001, ceux-ci quittent la capitale afghane. « Quand j’y repense, la fuite des talibans face aux Américains en 2001 représentait un immense espoir. Des années en or. Nous allions enfin pouvoir vivre normalement. Mais aujourd’hui, cet espoir a disparu. La fête est finie et les talibans sont à nos portes », écrivait Shah Marai sur le blog de l’AFP en octobre 2016.
Il sortait rarement de chez lui avec sa famille, en raison de l’omniprésence des voitures piégées. En mars 2014, Sardar Ahmad, un ami lui aussi journaliste pour l’AFP, avait été tué avec sa femme et deux de leurs trois enfants dans un hôtel très sécurisé de Kaboul.
1 août 2010. Un femme hazara passe devant les ruines d’un ancien temple bouddhiste de la vallée du Bamiyan.
L’attaque survenue ce lundi a été perpétrée près du siège des services de renseignement afghans, à un rond-point très fréquenté de la capitale en heure de pointe. Le groupe État islamique l’a revendiquée. Un autre attentat meurtrier, encore non revendiqué, a eu lieu en fin de matinée dans le sud : une dizaine d’enfants ont été tués dans un attentat-suicide visant un convoi de l’Otan.
L’Afghanistan est en guerre incessante depuis près de 40 ans mais son niveau d’insécurité semble aujourd’hui plus élevé que jamais.
28 février 2017. Un enfant se fait administrer le vaccin contre la polio lors d’une grande campagne de vaccination à Kaboul.
Depuis plusieurs mois, l’Afghanistan est le terrain d’une surenchère entre différentes groupes terroristes, notamment Daech et les Talibans.
Près de 2 300 civils ont été tués ou blessés dans des attentats en Afghanistan en 2017, soit le plus lourd bilan jamais enregistré, selon des chiffres publiés par l’ONU en début d’année. Au total, l’afghanistan a été le théâtre de 57 attaques suicides. 2018 risque de connaître le même sort, au regard des nombreuses attaques déjà perpétrées dans le pays. La dernière en date dans la capitale, le dimanche 22 avril, a fait près de 60 morts et 20 blessés dans un quartier à majorité chiite.
22 septembre 2015. Un garçon porte un mouton sur ses épaules et l’apporte au marché, peu avant le festival de l’Aïd.
Ce lundi, huit autres journalistes présents ont été fauchés par l’explosion. Tous travaillaient pour une radio ou des télévisions afghanes, dont un pour la chaîne Tolo News, déjà très éprouvée par un attentat revendiqué par les talibans en 2016, qui avait fait sept morts parmi ses employés.
Selon une source sécuritaire, le kamikaze qui a visé la presse s’était glissé parmi les reporters, faussement « muni d’une caméra ».