Par Rédaction Paris Match Belgique
Diable rouge, vedette du RSC Anderlecht, enfant terrible du football belge et homme qui se méfie de la presse constamment, Anthony Vanden Borre avait annoncé sa retraite sportive en janvier 2017 âgé à peine de 29 ans.
Quelques semaines plus tard, il a rechaussé les crampons. Mais cette fois ci, au Congo, son pays natal, dans un des plus grands clubs du continent africain, le TP Mazembe. Celui-ci qui a grandi en Belgique, tout vécu en Europe, retourne ainsi à ses racines familiales mais plonge aussi dans l’inconnu. De son arrivée à son premier entrainement, nous l’avons suivi : dans le stade et au dehors. Au calme et dans la clameur de la foule.
Photo : © TP Mazembe
Anthony Vanden Borre l’avoue : « Un tel accueil, on le vit qu’une seule fois dans sa vie ». La foule s’était amassée de l’aéroport au stade pour accueillir celui qui revient au pays tel un enfant prodigue. Malgré la pluie, le joueur a traversé la ville assis sur le toit de sa voiture. Selfies, photos et vidéos au programme. Une ambiance digne de l’arrivée de Messi à la maison !
Photo : © TP Mazembe
Jour de transe dans le quartier populaire de Kamalondo. C’est dimanche, jour de match à Lubumbashi, la capitale cuprifère et deuxième ville du Congo. En dehors de son industrie minière incarnée par la Gécamines en déclin et son fameux terril, l’autre symbole de la ville c’est le Tout Puissant Mazembe (« bulldozer » en swahili). Fondé en 1939 par des moines bénédictins belges, le club appartient depuis 1997 au non moins célèbre Moïse Katumbi Chapwe. Le businessman, ancien patron de la province et candidat à la présidentielle (exilé en Europe depuis plusieurs mois pour soucis politiques et judiciaires), a remis le Tout Puissant sur les rails et l’a propulsé à l’international : champion d’Afrique à répétitions, le TP a même disputé la finale de la coupe du monde des clubs de la FIFA face à l’Inter de Milan en 2010. Parmi un riche palmarès qui fait la fierté de la ville, et du pays tout entier.
Photo : © TP Mazembe
Pour son premier contact avec le chaud public lushois, Anthony Vanden Borre, en tribune, a eu droit à un match capital. Ambiance assurée face aux Zimbabwéens de CAPS United, dans le cadre du match aller des 16e de finale de la Ligue des champions africaine
À chaque match, le public se déplace en masse. Bruyant et coloré. Pour eux, TP Mazembe est bien plus qu’un club. C’est un mythe, voire une religion frôlant parfois le mysticisme et teintée de fanatisme bon enfant. Ils sont nombreux, comme à chaque fois, armés de leurs fétiches traditionnels, grimés et vêtus de noir et blanc.
Photo : © Caroline Thirion
« On va les massacrer ! » scandent en cœur les « 100% » – surnom des supporters du TP Mazembe – avec un geste de la main non moins évocateur… Il n’en sera rien, les corbeaux feront match nul (1-1) au terme d’une rencontre pas des plus passionnantes, qu’ils ont pourtant dominée. Et en l’absence déplorée de Moïse, leur « Papa président », à qui ils rendent hommage en début de match, en chantant et dansant avec passion devant un fanion à son effigie, sur les sons de la fanfare déchaînée.
Photo: © Caroline Thirion
Score final : 1-1. Il faudra gagner au match retour pour qu’Anthony puisse goûter aux joies de la compétition internationale.
Photo : © Caroline Thirion
En loge présidentielle, Anthony suit le match avec intérêt et se prête avec bonne humeur au jeu des selfies avec les fans, le personnel et ses amis sur place.
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Malela, c’était le prénom de sa maman qui est décédée. Malela sera son surnom au TP Mazembe. « Porter le même nom que ma maman me ravit » explique Anthony Vanden Borre. Il lui faudra attendre encore quelques jours voire semaines pour pouvoir porter officiellement sa nouvelle vareuse qui elle arborera son nom de famille et non pas son surnom. Le temps que les procédures de transfert soient réglées entre Anderlecht et le TP Mazembe.
Photo : © Caroline Thirion
L’impressionnant stade TP Mazembe, le « temple des Badiangwena », est unique en Afrique nous affirme-t-on, où peu de clubs disposent de leur propre stade… Il a été entièrement refait en 2010 sur le site du stade historique Mwanke à l’abandon depuis des années. Il accueille désormais toutes les rencontres à domicile des Corbeaux. Y compris donc lors de compétitions internationales, puisqu’il a été conçu en conformité avec les normes FIFA. Hyper moderne, il comptabilise 18 500 places. Son gazon synthétique de 3e génération comprend un système de drainage permettant l’évacuation de l’eau pendant la saison des pluies. Et il est équipé d’une piscine de récupération, de jacuzzis, d’un sauna, hammam et de salles de massage et de gym, pour les joueurs.
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Les premiers jours sur place digérés, il est temps de penser à la remise en forme et à l’intégration dans l’équipe. Pour le Français Thierry Froger, le nouvel entraineur du club, l’arrivée d’Anthony est une nouvelle donne importante et un renfort de choix.
Photo : © Caroline Thirion
Dans le stade vide, Anthony prend peut-être conscience du défi sportif et humain qui l’attend. Revenir au top physiquement et se reconstruire une toute nouvelle vie au Congo qu’il a quitté à l’âge de 5 ans. Revoir la famille, fonder un nouveau cercle d’amis feront certainement partie des éléments essentiels à l’équilibre du joueur souvent jugé fragile psychologiquement durant sa carrière.
Photo : © Caroline Thirion
Premières séances d’entrainement pour Anthony. Son programme pour les semaines à venir ? S’acclimater, s’adapter et conseiller. Le club compte en effet énormément sur son expérience internationale, Anthony Vanden Borre a été 29 fois Diable rouge. Sa dernière apparition en équipe nationale remonte à la Coupe du Monde 2014 où il est sorti grièvement blessé face à la Corée alors qu’il revenait à son top niveau.
Photo : © Caroline Thirion
Accompagner les jeunes, un de ses principaux défis dans les mois à venir. Anthony Vanden Borre s’est d’ailleurs entrainé avec une partie des espoirs lors de ses premières séances au TP Mazembe.
Photo : © Caroline Thirion
On estime à plus de deux millions le nombre d’habitants à Lubumbashi soit quasiment le double de Bruxelles. Pour y circuler, Anthony compte sur son chauffeur avec qui il partage quelques moments de détente.
Photo : © Caroline Thirion
Avec son chauffeur surnommé « Vieux Shut Up », Anthony (re)découvre la ville. Ses bonnes adresses, les beaux endroits, les bons plans, le joueur ne sera pas dépaysé… dans son pays natal.
Ce choix, c’est une décision pour changer de vie privée, mais aussi sportive. Certains amis, dont Vincent Kompany, l’ont très bien compris. D’autres personnes moins. Mais je suis ravi de l’avoir fait. C’est une chance d’avoir la liberté de pouvoir choisir sa vie.
Durant trois jours, Paris Match Belgique a partagé la vie d’Anthony Vanden Borre et du TP Mazembe. L’occasion de s’entretenir un peu plus longtemps avec le joueur et ses proches. Retour en une rencontre avec le joueur et quelques souvenirs filmés.
Photo: © Caroline Thirion