Par Rédaction Paris Match Belgique
Actrice désormais de légende, Jeanne Moreau avait commencé sa carrière cinématographique à la fin des années 40 et n’avait toujours pas raccroché en 2015, deux ans avant sa mort à l’âge de 89 ans. De Truffaut à Besson, en passant par Michel Drach, elle était passée derrière la caméra des plus grands noms du cinéma, qui lui avaient donné ses plus beaux rôles.
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Jeanne Moreau y est Josy, la petite amie de Riton, un René Dary qui fait de Jean Gabin sur le retour son complice. On croise aussi dans cette adaptation d’un roman d’Albert Simonin Lino Ventura, qui fait ses premiers pas au cinéma.
Dans ce drame en noir et blanc – mais surtout noir – l’actrice est la complice du meurtre de son mari par son amant – Celui-ci finit coincé dans un ascenseur, après avoir voulu faire disparaître un indice, le menant tout droit vers un sort, d’une manière ou d’une autre, funeste.
Adaptation d’un grand classique de la littérature française, ces liaisons dangereuses précoces voient Jeanne Moreau incarner la moitié d’un couple cynique, destructeur et pervers, aux côtés de Gérard Philippe. On y voit aussi apparaître Boris Vian, en guest star d’un autre monde.
Moderato Cantabile, c’est le rythme de la sonatine de Diabelli, mais aussi le titre d’un roman adapté en film franco-italien, où l’actrice tient le rôle principal, celui d’une mère diaboliquement rêveuse.
« Avec La Nuit, j’arriverai à un résultat de compromis. Le compromis que l’on retrouve, aujourd’hui, dans la morale et même dans la politique. Les personnages, cette fois-ci, se sont trouvés, mais ils ont du mal à communiquer, parce qu’ils ont découvert que la vérité est difficile, elle demande beaucoup de courage et des résolutions irréalisables dans leur milieu », racontait à propos du film son réalisateur. Au cours d’une longue nuit d’ennui, Jeanne Moreau y incarne Lydia, à la recherche d’un amour (pas si) perdu.
Jeanne Moreau et François Truffaut, c’est l’histoire d’une nouvelle adaptation de roman – celui de Henri-Pierre Roché -, mais surtout celle de la rencontre d’une déjà-grande et d’un futur mythe. Elle y incarne la pointe la plus frivole d’un triangle amoureux franco-autrichien.
Un film sur l’univers du film, Jeanne Moreau n’en avait pas besoin pour entrer dans la légende. L’actrice est la fameuse Eva, courtisane des temps modernes, qui rejette un Stanley Baker transi d’amour pour ce personnage au cœur froid.
Quand Kafka rencontre Welles, Jeanne Moreau rencontre Romy Schneider, l’autre « monstresse » sacrée du cinéma français. L’absurde littéraire y entre aussi en collision avec le cinéma, dans un récit qui relate l’histoire faussement dramatique de Joseph K.
Margaretha Geertruida était Mata Hari, et Jeanne Moreau sera cette « Grietje », danseuse espionne au service de l’Allemagne. Au scénario, un certain François Truffaut et en officier français, Monsieur Trintignant.
Les plus jeunes générations ne connaissent que la version dans laquelle officie Léa Seydoux, mais les autre se souviendront très certainement, entre autres, de celle de Jeanne Moreau en Célestine.
Pour Tony Richardson, Jeanne Moreau devient une Mademoiselle refoulée et antipathique. Film de leur rencontre, le réalisateur britannique délaisse sa femme Vanessa Redgrave pour son actrice française. L’idylle durera deux films.
La soif de vengeance d’une veuve peut être dévastatrice. Dans La mariée était en noir, Jeanne Moreau revient sous la direction de Truffaut, avec lequel elle entretiendra également une liaison.
Nouveau film tiré d’un roman de Marguerite Duras, preuve de leur lien très fort. Celui-ci marque également la rupture entre Tony Richardson, qu’elle quitte en plein tournage.
Les années 70 paraissent beaucoup plus creuses après l’enchaînement des sixties, mais n’en sont pas plus pauvres qualitativement. Jeanne Moreau a alors 48 ans, elle sait qu’elle plaît moins aux réalisateurs, Bertrand Blier lui fera même dire, face à Depardieu et Dewaere, « Ça vous dirait de coucher avec une vieille ? ».
L’un des meilleurs films sur la déportation des juifs dans lequel Jeanne Moreau apparaît seulement en tant que Florence, la « maîtresse de l’autre ». Mais toujours aussi sublime.
Lumière est le premier des deux films dont Jeanne Moreau est la réalisatrice, avant L’adolescente – qu’elle écrira également.
Douze ans plus tôt, Michelangelo Antonioni écrivait Ce bowling sur le Tibre, roman d’amour choral. Dans sa version cinématographique, épaulé par le réalisateur allemand Wim Wenders, il réunit Fanny Ardant, Sophie Marceau, Irène Jacob, Jean Reno, ou encore John Malkovitch : une belle brochette de stars.
Jean Reno, Vanessa Paradis et Jeanne Moreau sont réunis autour de ce film français léger, qui gravite autour d’un crépuscule de la sorcellerie, que Paradis pourrait bien sauver des forces du mal.
Jeanne Moreau revient cette fois sous les traits de l’autrice Marguerite Duras, sous le charme de laquelle tombe un jeune étudiant incarné par Aymeric Demarigny. Une histoire d’amour-haine dans laquelle l’actrice n’a rien perdu de sa superbe, à 74 ans.