Par Robin Tutenges
Nostalgiques des années 80 et fans de chevelures insolites s’étaient donnés rendez-vous le 18 mai en Belgique pour une grande première en Europe : le festival de la coupe mulet ! Boussu, dans le Hainaut, est devenue pour un temps la capitale de cette coiffure mythique parfois raillée, mais souvent admirée. L’occasion d’y élire notamment les plus beaux mulets en compétition. Immersion.
Prés de 1 500 personnes ont répondu présentes pour la première édition de ce festival, où les non-mulets étaient aussi conviés.
L’idée du festival est venue d’une « blague » du groupe de musique Belge le Gustave Brass Band, qui a arboré une coupe mulet pour un clip. Le buzz a été immédiat. Le groupe décide finalement d’organiser cet événement singulier avec plusieurs organismes, dont la brasserie du Borinage et Damien Hubert, ici avec sa coupe mulet. Il décrit cette coupe en une phrase venue tout droit d’Amérique : « Business in the front, party in the back ».
Plusieurs activités étaient proposées, comme un coin détente dans la salle « mulet une nuit », un bar à bières, des jeux ludiques etc… Et pour ceux qui hésitaient encore à passer le cap du mulet, rien de tel que cette petite activité pour s’imaginer avec cette coiffure.
Oreilles dégagées et les cheveux longs dans la nuque sont les secrets d’un mulet réussi.
Nombreux non-mulet ont finalement cédé à la tentation de porter fièrement cette coupe et ont fait un tour chez le coiffeur spécialement installé sur un perchoir, au milieu du festival.
Vainqueur de la catégorie jeune mulet, ce petit garçon se souviendra longtemps de cette journée.
Pour beaucoup des participants, le mulet n’est pas qu’une simple coupe de cheveux, c’est avant tout un art de vivre. « C’est un filtre à cons », elle permet d’attirer seulement les gens qui ne portent pas une grande importance aux apparences.
Porter le mulet, c’est affirmer sa liberté, c’est une déclaration d’indépendance. Une véritable émancipation capillaire.
À la mode dans les années 80/90, l’âge d’or de la coupe mulet, de nombreuses célébrités comme David Bowie et George Clooney ont participé à la rendre populaire. Aujourd’hui, elle est tombée en désuétude. Pourtant certains participants l’affirment : une vie bien remplie c’est avoir une coupe mulet une fois dans sa vie.
La musique des années 90 bat son plein dans l’un des stands du festival.
Entre deux chansons dignes des plus belles raves party, les festivaliers crient en chœur : « Mulet ! Mulet ! Mulet ! ». Le mulet, ça rassemble.
Elio Di Rupo, ancien Premier ministre et président du Parti Socialiste était de la fête. L’histoire ne dit pas s’il est reparti avec une coupe mulet.
Dans la brasserie au milieu du festival, un ventilateur soufflait de l’air pour que les mulets de chacun puissent voler dans le vent.
Le principe de cette coupe extravagante est surtout de laisser libre cours à « la Dewanne ». Ce superlatif signifie « le délire » ou « la déconne » en patois du Borinage.
Les concours commencent. La scène où se sont déroulés plusieurs concerts toute la journée laisse place aux participants des différentes catégories. Ici, le vainqueur de la catégorie « queue-de-rat », une tradition voisine du mulet, qui est elle aussi en perte de vitesse.
C’est le clapo-mètre qui décide des vainqueurs : plus les applaudissements du public sont forts plus les participants gagnent des points.
Le plus beau mulet féminin monte fièrement sur la scène, sous les applaudissements.
La pluie s’invite au festival, mais la ferveur est toujours là.
Les candidats au titre de plus beau mulet masculin se suivent. À l’instar du festival de Cannes, les participants ont sorti leurs plus belles lunettes de soleil.
Les coupes de cheveux s’enchaînent… et ne se ressemblent pas. Une première, des dreads mulet.
L’esprit de compétition est là. Certaines tentent le tout pour le tout pour gagner, et jettent leurs cheveux dans la foule en délire.
Les performances se poursuivent, plus qu’une coupe mulet avant le résultat final.
La foule crie : « Mulet ! Mulet ! » avant d’annoncer les vainqueurs de la catégorie la plus représentée, le mulet masculin avec sa vingtaine de participants.
Enfin ! C’est Gauthier, le chanteur des BB Michels, originaire de Bretagne, qui remporte le prix du mulet masculin. Il repartira chez lui sous les applaudissements, trophée en main, avant de revenir l’année prochaine pour la deuxième édition du festival de la coupe mulet.