À l’entrée de ce nouvel hôtel de Bethléem, un majordome poilu singe un geste de bienvenue. Le ton est donné : l’hôtel du street artist Banksy est empreint d’un surréalisme qu’on lui connait bien, doublé d’un engagement politique tout en fresques et installations.
Son nom, « The Walled Off », fait directement référence au gigantesque mur tout proche, construit par les Israéliens, ainsi qu’au luxueux Waldorf Hotel. Après Dismaland, un parc d’attraction dystopique, Banksy s’engage à nouveau avec une galerie d’art, un musée, un cri de résistance et un hôtel, tout à la fois.
Welcome to the Walled Off
Si Banksy s’était déjà invité il y a une dizaine d’années en Palestine, le long du mur qui sépare le territoire des terres que s’est accaparé Israël, l’ouverture de « The Walled Off », est une surprise pour les autorités. Discret comme toujours, l’artiste a mis 14 mons pour transformer cet ancien magasin de poteries en un hôtel qui comporte dix chambres au confort différent, de la suite présidentielle toute de velours vêtue au dortoir d’étudiants en city-trip.
Un sérieux coup de pouce au tourisme palestinien
Le lieu emploie 45 personnes et a pour vocation première, si l’on en croit le site de Banksy, de donner un second souffle au tourisme palestinien. L’hôtel ouvrira officiellement le 20 mars prochain, et compte bien attirer de nombreux visiteurs, Israéliens compris.
Plus de 1 000 euros de caution
La décoration est de type coloniale, avec ici et là, des touches de surréalisme : une statue casseuse, un tableau de chasse de caméras de surveillance, un piano qui joue tout seul, ou encore une longue vue arrêtée par le mur.
L’hôtel contenant un nombre impressionnant d’œuvres d’art de l’artiste, une caution de plus de 1 000 euros est demandée aux clients.
Israéliens bienvenus
« J’aimerais inviter tout le monde à venir ici, inviter les civils israéliens à nous visiter ici », a déclaré le manager de l’hôtel au Guardian. « Nous voulons qu’ils en apprennent plus sur nous, parce quand ils nous connaitront mieux, ça brisera les stéréotypes et changera la choses ». Le problème ? Un gigantesque mur, construit par les autorités, les sépare et les Israéliens sont interdits de visite dans cette zone. Bien que Banksy ait choisi un lieu sous le contrôle de l’armée israélienne, il est illégal pour les civils d’emprunter les routes qui y mènent.
Un anniversaire à "fêter"
« Cela fait exactement cent ans que la Grande-Bretagne a pris le contrôle de la Palestine et a commencé à réarranger la décoration – avec des résultats chaotiques (…) Je ne sais pas pourquoi, mais ça me semblait le bon moment pour revenir sur ce qu’y arrive quand la Grande-Bretagne prend une énorme décision politique sans appréhender complètement ses conséquences », déclare Banksy.
Vue sur mur
Un petit musée intégré aux lieux avec l’aide du professeur Gavin Grindon rappelle l’histoire du mur. Notamment que celui-ci a été déclaré illégal par la Cour internationale de justice en 2004.
Spray it !
L’hôtel comprend également une boutique, dans laquelle on peut trouver tout le petit nécessaire du parfait graffeur – le mur étant un terrain d’entrainement de choix.
Raconter une histoire
Le Walled Off Hotel est un espace entièrement indépendant conçu et financé par Banksy. « Il n’adhère à aucun mouvement politique ou groupe de pression », assure le site de l’hôtel. « Le but est de raconter l’histoire du mur de chaque côté et de donner aux visiteurs l’opportunité de la découvrir d’eux-même. Nous offrons un accueil chaleureux tout spécial aux jeunes Israéliens. Absoluement aucun fanatisme n’est permis dans les lieux ».
Aussi une galerie d'art
Dans le bâtiment également, une galerie d’art fait la promotion du travail d’artistes palestiniens. La première à Bethléem.
