Par Elisabeth Debourse
De fortes tensions ont éclaté depuis quelques jours entre Israël et les Palestiniens, après la mise en place par Israël de détecteurs de métaux aux entrées de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est occupée. Depuis l’installation des portiques de sécurité, les Palestiniens boycottent le site religieux, priant en dehors, et les violences entre manifestants et forces israéliennes sont quotidiennes, faisant plusieurs morts et des dizaines de blessés. À Jérusalem aujourd’hui, tout peut changer en un instant.
D’après un article de Paris Match France, avec Belga.
La ville « trois fois sainte » s’agite, encore plus que d’ordinaire, une semaine après une attaque à l’arme à feu qui a coûté la vie à deux policiers israéliens le 14 juillet dans la vieille ville de Jérusalem, occupée depuis 1967.
Israël, selon qui les armes des assaillants avaient été cachées sur l’esplanade des Mosquée, a décidé d’installer des détecteurs de métaux aux entrées de ce site ultra-sensible, le troisième lieu saint de l’islam, mais également révéré par les juifs comme le Mont du temple.
Benjamin Nétanyahou, le Premier ministre d’Israël, a pris des mesures immédiates et radicales, en installent ces nouvelles infrastructures de sécurité. Pourtant, le Shabak (la Sûreté générale) et l’Aman (les renseignement militaires) estimaient l’initiative très risquée : elle serait très mal interprétée par les musulmans, qui la verraient comme une tentative de main-mise sur le lieu.
Et de fait. Soutenue par d’autres pays musulmans, le Waqf (l’instance musulmane dépendant de la Jordanie), estime que ces contrôle constituent « une humiliation pour les fidèles », fait savoir Libération.
Par ailleurs, dans le but d’éviter des débordements à l’occasion de la prière hebdomadaire, habituellement suivie par des milliers de fidèles, la police israélienne a pris la décision exceptionnelle d’interdire aux hommes de moins de 50 ans d’accéder à la vieille ville. Par ailleurs la police israélienne a affirmé qu’elle pouvait décider que certaines personnes, à sa discrétion, n’avaient pas à passer par les détecteurs de métaux.
Pour protester contre les portiques de sécurité, les fidèles ne prient plus sur l’esplanade des Mosquées et le font en dehors du site.
Le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a plusieurs fois assuré ne pas avoir l’intention de modifier les règles tacites permettant aux musulmans de monter à toute heure sur le site et aux juifs de n’y pénétrer qu’à certaines heures, sans pouvoir y prier.
Pourtant, au moins trois Palestiniens ont été tués et des centaines ont été blessés après la traditionnelle prière du vendredi lors de heurts à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée entre les forces de l’ordre israéliennes et des manifestants palestiniens. Et les tensions vont crescendo.
Vendredi, le Croissant rouge, les services de premiers secours palestiniens, ont indiqué que 109 Palestiniens avaient été blessés, dont 38 hospitalisés, dans les heurts à Jérusalem-Est. En Cisjordanie, 282 Palestiniens ont été blessés dont 98 par des balles réelles ou en caoutchouc, selon la même source.
Après avoir débuté à Jérusalem-Est, les heurts se sont en effet propagés à la Cisjordanie occupée où, selon l’armée israélienne, 3 000 Palestiniens se sont rassemblés en plusieurs points, les affrontements les plus violents ayant lieu à Qalandya, près de Ramallah, et à Hébron, dans le sud du territoire palestinien.
Dans ces deux villes, l’armée a répondu aux jets de pierres en utilisant des moyens anti-émeutes, a indiqué à l’AFP une porte-parole de l’armée.
Benjamin Nétanyahou envisagerait de faire retirer les portails et de les faire remplacer par des dispositifs plus discrets. Pour les commentateurs politiques israéliens, il préfère cependant opérer dans l’ombre, pour ne pas donner l’impression de céder à la vindicte palestinienne.
Le mouvement national de libération de l’Ahwaz supporte le droit de culte des Palestiniens dans la mosquée d’Al-Aqsa.
« Attention, il est prématuré de parler d’une troisième intifada car tout peut très bien se calmer dans un jour ou deux », assure la chroniqueuse militaire Carmela Menashe, selon Libération. « Mais si les morts continuent de succéder aux morts, la situation peut déraper très rapidement. La situation est versatile et imprévisible ».
C’est qu’on parle désormais d’une véritable « dynamique négative », pour la première fois depuis l’été 2014 et l’opération « Bordure protectrice ». Selon Libération toujours, « l’élément religieux a pris de l’importance dans la motivation des manifestants palestiniens ».
La polémique sur l’installation des détecteurs de métaux s’est propagée dans le monde arabo-musulman. En Jordanie, pays gardien des lieux saints musulmans de Jérusalem, plus de 8 000 manifestants ont défilé à Amman et dans d’autres villes du pays pour protester contre les nouvelles mesures israéliennes.
D’autre part, les ministres jordanien et émirati des Affaires étrangères ont demandé que le site soit « immédiatement et totalement » rouvert aux fidèles, appelant la communauté internationale à intervenir.
Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU se tiendra ce lundi, à la demande de la France, la Suède et l’Égypte.