Par Elisabeth Debourse
Fraichement élues ou disparues, saluées ou décriées, ces dix femmes politiques ont – elles aussi – façonné l’année 2017 de leur présence, de leurs idées et de leurs décisions parfois historiques.
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Certes, il est peu commun de débuter une rétrospective par un départ. Mais celui-ci aura eu le don d’émouvoir la France – mais aussi la Belgique – durant quelques jours, l’été dernier. Décédée le 30 juin 2017, Simone Veil laisse derrière elle un héritage historique – elle avait été déportée – et politique qui aura marqué des millions de femmes et d’hommes. En 1974, elle avait en effet été à l’origine de la « loi Veil », qui avait permis de dépénaliser l’avortement en France.
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Mais l’annonce pleine d’émotion de sa mort et des hommages nationaux n’auront pas suffi à empêcher une certaine récupération de sa mort par la droite française.
À 41 ans seulement, Katrín Jakobsdóttir est devenue ce 30 novembre 2017 la Première ministre d’Islande. Écologiste et féministe, elle fait honneur à l’une des sociétés les plus égalitaires qui soit, après avoir endossé le rôle de Ministre de l’éducation. Elle est également la seule « verte » à la tête d’un gouvernement dans le monde.
En décembre 2006, Michelle Bachelet était la première femme à être élue présidente du Chili, avant d’être réélue une seconde fois en 2013. Entre ses deux mandats, elle avait officié en tant que Secrétaire générale adjointe de l’ONU chargée de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et figuré dans le classement Forbes des femmes les plus puissantes du monde.
Aujourd’hui, à trois jours du second tour des élections présidentielles au Chili, qui oppose deux hommes, elles s’apprête à retourner dans l’ombre du jeu politique sud-américain. Éclaboussée par un scandale financier qui concerne son fils, la présidente termine son mandat avec l’un des pires scores de popularité de l’histoire du pays.
L’un de ses deux possibles successeurs, Sebastian Piñera, a fait savoir qu’en cas de victoire, il réinstaurerait l’interdiction totale de l’avortement – autorisé seulement depuis août 2017 en cas de danger pour la mère ou de viol – et s’opposerait à la légalisation du mariage homosexuel.
Élue localement en Virginie en novembre 2017, Danica Roem est devenue la première femme transgenre à accéder à une position politique aux États-Unis. La Démocrate de 33 ans est parvenue à évincer son opposant républicain qui siégeait depuis 26 ans, conservateur et ouvertement opposé aux droits des personnes LGBT.
Si Ada Colau est la mairesse élue de Barcelone depuis mai 2015, cette année 2017 aura été particulièrement pénible pour cette ancienne activiste radicale.
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Le 17 août 2017, la Rambla de Barcelone a été la cible d’un attentat terroriste au véhicule bélier, qui a fait 15 morts. Pilier d’une ville meurtrie, elle a délivré un discours particulièrement poignant. Fin octobre de cette année enfin, ce sont les indépendantistes de sa région qui ont décidé de la sécession avec le reste de l’Espagne, après une référendum à l’issue particulièrement violente. En faveur de la démocratie, mais contre une déclaration unilatérale d’indépendance, la maire de Barcelone, qui s’est posée comme modératrice depuis le début de la crise catalane, a récemment accusé Carles Puigdemont d’avoir mené la région « au désastre ».
Tantôt applaudie pour ses positions progressistes en faveur des droits des femmes et tantôt conspuée pour un certain manque de radicalisme, Marlène Schiappa occupe depuis la naissance du gouvernement Macron une position compliquée et – forcément – critiquée : Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Récemment, elle a interpellé plusieurs sociétés en ligne pour leur demander d’œuvrer concrètement à la lutte contre le cyberharcèlement, dont sont victimes beaucoup de femmes.
Elle est depuis novembre 2017 la mairesse de Montréal – et la première femme à monter derrière le pupitre de cette ville si importante du Québec. Cet été pourtant, les deux tiers des Montréalais ignoraient encore tout de cette femme engagée depuis 2013 dans la politique – et jusqu’à son nom. En quelques mois seulement, elle a ainsi remporté les votes de 51% des Montréalais, surpassant l’ancien maire Denis Coderre, jugé « arrogant ».
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Première ministre du Bangladesh depuis 2009, cette femme politique – fille de l’ancien dirigeant nationaliste Mujibur Rahman, premier Président de la République tué lors d’un coup d’État de 1975 – a cette année été comparée à Aung San Suu Kyi. Mais plutôt en opposition à celle-ci, puisqu’elle a promis une aide aux réfugiés Rohingyas, leur cédant plusieurs parcelles de terre.
Cette année, elle figurait à la trentième position des femmes les plus influentes du monde, selon Forbes.
Inconnue au bataillon avant son ascension au poste de Ministre de la culture, de la petite enfance et de l’éducation permanente, elle a succédé à une Joëlle Milquet démissionnaire en 2016. Mais ce n’est qu’en cette fin d’année que son nom a fini par résonner partout, dont dans nombre de lieux culturels belges, parfois maudit, parfois chéri : en effet, Alda Greoli a eu la lourde tâche de devoir redistribuer les contrats-programme du secteur culturel belge.
Dans l’ombre des divers attentats survenus au Royaume-Uni cette année, c’est sur les épaules de Theresa May que reposaient les négociations britanniques du Brexit. Ce n’est qu’il y a quelques jours que celles-ci ont – en partie – pris fin, pratiquement totalement occultées en francophonie par… la mort de Johnny Hallyday : une facture entre 40 et 45 milliards d’euros à payer, soit plus du double de la proposition initiale qu’avait formulée le gouvernement britannique. Un sacré revers, doublé ce 13 décembre d’un nouveau camouflet pour la Première ministre du Royaume-Uni avec un vote crucial sur le Brexit au Parlement.