Par Josephine Christiaens
L’ONU tire à nouveau la sonnette d’alarme. Sept millions de Yéménites sont au bord de la famine, soit plus d’un quart de la population.
Une situation humanitaire critique qui ne fait qu’aggraver le sort d’un pays ravagé par la guerre depuis déjà plusieurs années.
Les ONG se disent préoccupées par l’escalade du conflit sur la côté ouest du Yémen. Depuis mars 2015, les combats qui opposent les forces gouvernementales aux rebelles chiites Houthis près de la mer Rouge se sont sévèrement intensifiés.
Coincé dans une impasse politique, le pays le plus pauvre du Moyen-Orient subit depuis plusieurs années les ravages d’une guerre chaotique.
Débuté en 2012, au départ du président Ali Abdallah Saleh au pouvoir depuis 33 ans, le conflit au Yémen a connu un tournant en 2015, lorsque les Houthis (des rebelles du nord-ouest du pays) se sont emparés de la capitale, Sanaa.
Affiliés à la branche chiite de l’islam et soutenus par l’Iran, les Houthis s’oppose aux forces progouvernementales du pays ainsi qu’aux fidèles du régime d’Abd Rabbo Mansour Hadi.
Le conflit a été entrecoupé par sept cessez-le-feu, qui ont tous échoué, au même titre que les processus de médiation lancés par la communauté internationale.
Depuis l’intervention de la coalition arabe au Yémen en mars 2015, le conflit a fait plus de 7 400 morts (dont 1 400 enfants) et quelque 40 000 blessés, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le coordinateur humanitaire de l’ONU pour le Yémen, Jamie McGoldrick, a cité un bilan plus lourd de quelque 10 000 civils tués.
Alors qu’aucune solution politique ne se dessine, la population fait face à une importante crise humanitaire.
Dans un communiqué diffusé ce mercredi, l’ONU tire une fois de plus la sonnette d’alarme. Le patron des opérations humanitaires de l’ONU, Stephen O’Brien, a alerté sur le risque de famine qui menace le pays.
Avant l’ONU, une enquête conjointe menée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’UNICEF a révélé que 17,1 millions de Yéménites – soit plus de deux tiers de la population – ne sont pas en mesure de se nourrir correctement.
Lire aussi : 1,4 million d’enfants risquent de mourir de la famine dans 4 pays
Sept millions de Yéménites ignorent l’origine de leur prochain repas et sont plus proches que jamais de la famine.
L’ONU ne cesse de réclamer une trêve afin de permettre la distribution d’aides humanitaires mais les médiations onusiennes et les mesures politiques ont jusqu’à présent échoué. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a estimé mardi que 462 000 enfants souffraient de malnutrition sévère.
L’ONU a rappelé que les combats sur la côte ouest entre les Houthis et les forces gouvernementales empêchaient l’entrée des produits de première nécessité par le port de Hodeida. L’objectif de ces forces est donc de déloger les Houthis de la grande ville portuaire.
Selon les récentes données publiées par les organisations onusiennes, au moins 7,3 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence, soit trois millions de plus qu’à l’été 2016.
Lire aussi : Le Yémen s’enfonce dans une crise humanitaire et risque la famine en 2017, alerte l’ONU
Ce mercredi 22 février 2017, un nouveau combat a fait quarante morts et de nombreux blessés. Tandis que l’un des plus hauts responsables de l’armée yéménite a été tué, une vingtaine de rebelles ont péri.
Au beau milieu d’un conflit sans solution, les combattants d’Al-Qaïda et de l’État Islamique ont profité du chaos installé dans le pays pour s’y implanter et multiplier les coups d’éclat.
Lire aussi : Al-Qaïda : les drones contre-attaquent
Depuis avril dernier, près de 180 000 Yéménites ont fui le pays pour trouver refuge dans les pays voisins (Oman et Arabie saoudite principalement, mais aussi Djibouti et Somalie), selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.